Des conditions extérieures défavorables pèseront sur l’activité
En 2023, l’activité économique a conservé son dynamisme. Avec la reprise touristique, les exportations (41% du PIB en 2022), notamment de services, ont soutenu la croissance. Les secteurs de l’hôtellerie et restauration, des transports et de la construction se sont montrés particulièrement performants. La croissance devrait, toutefois, quelque peu s’affaiblir en 2024. Elle subira la dégradation des conditions extérieures, car notamment vulnérable au ralentissement des Etats-Unis qui absorbent environ 44% des exportations et procurent plus de 50% des touristes. La demande domestique continuera de soutenir la croissance, suivant la dynamique de 2023, mais de manière plus modérée. Celle-ci suivra l’amélioration continue des conditions du marché du travail (le taux de chômage est passé en dessous de 10% au deuxième trimestre de l’année 2023, depuis son pic à 20% en 2020). Par ailleurs, si l’impact de l’inflation sur le revenu réel (baisse d’environ 9% en 2022) a modéré la consommation privée (63,5% du PIB en 2022) en 2022, cette tendance s’estompera en 2023-2024, alors que les salaires réels ont retrouvé leur croissance. Après avoir culminé à 12,1% en août 2022, l’inflation a reculé rapidement pour atteindre des taux négatifs à la mi-2023 (jusqu’à -3,3% en août). Cette déflation s’est accompagnée d’une politique monétaire plus accommodante de la BCCR (Banco Central de Costa Rica), qui a graduellement baissé son taux d’intérêt principal en 2023 (de 9%, en février, à 6,5% en juillet). Même si l’inflation devrait accélérer à nouveau pour rejoindre sa cible de 2-4% en 2024, la politique monétaire pourrait encore être prudemment assouplie. L’investissement (environ 18% du PIB en 2022) devrait stimuler la croissance, alors que le Costa Rica bénéficie toujours d’une réputation solide auprès des investisseurs internationaux (dernier pays en date à avoir rejoint l’OCDE en mai 2021). Les zones franches continueront de favoriser les IDE, au profit du tourisme et des industries de haute technologie. En outre, l’adoption, en février 2023, de mesures d’incitation permettra d’attirer les investisseurs étrangers en dehors de la Grande Aire Métropolitaine de San José, où réside près de la moitié de la population. Ces 11 nouvelles mesures permettent, entre autres, d’étendre le régime de zone franche à de nouvelles régions et de nouveaux secteurs à fort potentiel (industrie alimentaire, entreprises d’intrants agricoles, santé, services touristiques…).
Poursuite de l’assainissement budgétaire aux côtés du FMI
Alors qu’il avait diminué au cours des deux années précédentes, conformément au programme conclu avec le FMI, le déficit budgétaire s’est creusé en 2023, en raison d’un service de la dette plus élevé (5,1% du PIB). Il renouera avec sa tendance antérieure en 2024, alors que le gouvernement poursuivra l’assainissement budgétaire. A ce titre, la mise en place de la réforme relative à l’emploi public, votée en 2022, permettrait au gouvernement de réduire les dépenses publiques, et ainsi d’économiser en moyenne 1% du PIB par an pendant les 5 premières années d’implémentation. L’excédent primaire, qui exclut les intérêts, devrait encore excéder l’objectif défini avec le FMI (1,3% du PIB) en 2023 et 2024. Aussi, la dette publique, dont 28% est extérieure, et 38% est libellée en USD, restera sur une trajectoire descendante.
Le déficit courant s’est modéré en 2023, dans le sillage de la reprise touristique, et d’un déficit commercial moindre. Bien qu’elles aient subi l’appréciation du colón costaricien face au dollar, les exportations, principalement d’appareils médicaux (35%), sont restées dynamiques. Dans un même temps, une facture pétrolière plus faible a contribué à diminuer le poids des importations. Le déficit courant ne se réduira que modérément en 2024, sous l’effet de conditions extérieures probablement défavorables. L’activité touristique participera encore à l’élargissement de l’excédent des services (environ 10% du PIB). Le déficit commercial restera stable (5,7% du PIB), alors que le prix des hydrocarbures conservera un niveau élevé. Le déficit des revenus primaires restera important (6% du PIB), reflétant un service de la dette externe élevé. Le déficit courant restera principalement financé par les flux d’IDE.
Un environnement politique relativement stable
L’élection présidentielle de 2022 a été marquée par la victoire d’un « outsider », Rodrigo Chaves, le candidat de centre droit du nouveau Parti Progrès Social Démocratique (PPSD). Sa deuxième année de son mandat s’est caractérisée par une popularité élevée auprès des électeurs (57 % d’évaluations positives en septembre 2023 selon le sondage d’opinion publique du CIEP-UCR), les conditions économiques du pays s’étant nettement améliorées (inflation plus faible, situation budgétaire plus solide). Le parti PPSD n’ayant obtenu qu’une minorité de sièges (10 sur 57) au Congrès, il s’est appuyé sur des alliances de circonstance avec les partis de droite pour gouverner. Depuis le 9 octobre 2023, le PPSD ne compte plus qu’une seule députée au Congrès : Luz Mary Alpízar, présidente du parti. Le comité exécutif du PPSD a pris la décision de suspendre 9 de ses 10 législateurs, au motif de double militantisme. Les 9 députés avaient publiquement exprimé leur soutien public au nouveau parti Aqui Costa Rica Manda (ACRM), créé, en août 2023, à l’initiative des principaux alliés de R. Chaves, à l’occasion des prochaines élections municipales en février 2024. La dynamique du bloc au pouvoir ne s’en verra pas bouleversée, car les 9 députés indépendants continueront de soutenir le président. Sur le plan de la politique extérieure, le Costa Rica entretient des liens économiques solides avec son premier partenaire commercial, les Etats-Unis, comme l’illustre l’accord de libre-échange d’Amérique centrale (ALEAC). De plus, la lutte contre le crime et le trafic de drogue, ainsi que le défi de la migration croissante dans la région, resteront deux objectifs communs. Le flux migratoire massif en provenance du Venezuela, à travers le Panama, et en direction des Etats-Unis (+55% d’entrées par la frontière Sud entre juillet et août 2023), soulève des préoccupations sociales, budgétaires, et sanitaires. Le gouvernement a ainsi déclaré l’Etat d’urgence le 26 septembre 2023. Les négociations pour rejoindre l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), et l’Alliance Pacifique sont susceptibles de s’accélérer. Les tensions avec le Nicaragua entourant le contrôle du fleuve frontalier San Juan persistent.