Kenya

Afrique

PIB / Habitant ($)
2 245,3 $
Population (en 2021)
50,6 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
A4
Précédemment :
C
Précédemment :
A4

suggestions

Résumé

Points forts

  • Septième économie africaine
  • Agriculture diversifiée et services dynamiques (télécommunications et services financiers, tourisme)
  • Mombasa est le premier port d’Afrique de l’est
  • Electricité d’origine géothermique et hydraulique
  • Gisements d’hydrocarbures dans la région nord-ouest de Turkana
  • Population en forte croissance et classe moyenne émergente

Points faibles

  • Hydroélectricité et agriculture pluviale sensibles au climat
  • Faibles ressources publiques (16% du PIB) et dette publique élevée
  • Goulets d’étranglement dus au manque de compétences et à la mauvaise gestion d’infrastructures
  • Risque terroriste au nord, près de la Somalie
  • Pauvreté (36% de la population) et insécurité alimentaire ; divisions politiques et ethniques
  • Corruption et déficiences en matière de gouvernance, y compris dans les entreprises publiques

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
15%
Ouganda
12%
États-Unis d'Amérique
8%
Pakistan
7%
Royaume-Uni
6%

Import des biens en % du total

Chine 20 %
20%
Inde 11 %
11%
Europe 9 %
9%
Émirats arabes unis 9 %
9%
Arabie saoudite 6 %
6%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Une croissance économique confortable et régulière, tirée par l’investissement privé

Malgré l’environnement incertain lié aux élections générales d’août 2022 et la contraction du secteur agricole (37,5% du PIB) induite par la profonde sécheresse dans la Corne de l’Afrique, le Kenya a poursuivi son rebond économique post-pandémique, porté par une activité robuste dans le secteur des services (46,5% du PIB). En 2023, la croissance économique se maintiendra en dépit des resserrements budgétaire et monétaire, de l’inflation encore élevée et de la dégradation de l’environnement économique mondial. La hausse de l’investissement privé, permise par la croissance du crédit et par la confiance retrouvée des investisseurs suite au transfert de pouvoir pacifique au sein du gouvernement, participera au dynamisme économique. En dépit du recours aux Partenariats Public-Privé, l’investissement public sera, quant à lui, freiné par le resserrement de la politique budgétaire et par la hausse des coûts d’emprunt, liés à l’important stock de dette publique et au niveau élevé de l’inflation. La croissance des exportations devrait, elle aussi, décélérer, affectée par le ralentissement de la demande des économies européenne et états-unienne d’une part, et par la persévérance de la sécheresse d’autre part. En effet, le Kenya pourrait souffrir, pour la cinquième année consécutive, d’une saison des pluies manquée, alors que son activité agricole assure l’essentiel des exportations.

Toutefois, le ralentissement de la croissance des exportations sera plus que compensé par celui des importations, en raison de la baisse des prix mondiaux de l’énergie, de telle sorte que la contribution des exportations nettes à la croissance sera positive. De même, la consommation (81% du PIB) soutiendra l’activité économique, à mesure que le revenu disponible des ménages augmentera, poussé par la baisse de l’inflation. Alors que cette dernière a progressé en 2022, tirée par la forte dépréciation du taux de change (10% par rapport au dollar) et la hausse des prix du pétrole, la Banque centrale du Kenya a relevé son taux d’intérêt de référence de 250 points de base depuis Mai 2022, le portant à 9,5% en mars 2023. Si cette décision devrait permettre d’atténuer les pressions inflationnistes, le prix des denrées alimentaires, qui dépendent fortement des précipitations, constitue un risque notable à la hausse pour les prévisions d’inflation en 2023.

Persistance des déficits jumeaux, en dépit des efforts de consolidation budgétaire

Au cours de l’exercice budgétaire 2021/2022, le Kenya a poursuivi son assainissement budgétaire et réduit son déficit, à la faveur d’une hausse des recettes liée à l’amélioration du recouvrement d’impôts et d’une modération des dépenses d’investissement. La reprise des privatisations des entreprises d’Etat, offrant la perspective de gains de revenus supplémentaires, et la compression des dépenses, telle que la fin de la subvention sur l’essence, permettront une nouvelle légère réduction du déficit budgétaire en 2022/2023. Toutefois, si le gouvernement maintient son engagement de consolidation budgétaire, ses dépenses récurrentes élevées (masse salariale importante du secteur public, mauvaise gestion des dépenses en capital …) freinent la réduction du déficit. Celui-ci sera ainsi financé par des émissions obligataires domestiques ainsi que par des financements extérieurs concessionnels et, accessoirement bancaires, le Kenya bénéficiant d’un important soutien du FMI depuis avril 2021. En effet, avec plus de 2,4 milliards de dollars de financement dont déjà 1,55 milliards déboursés, le programme du FMI réduit le risque de surendettement et assure au pays d’honorer ses engagements de dette à court terme. La ligne de financement du FMI ne suffira toutefois pas à éviter la détérioration de la liquidité extérieure du Kenya. Avec une dette extérieure estimée à 34% du PIB, les obligations de service de cette dette seront élevées en 2023/2024 (16,6% des recettes extérieures courantes en 2023 et jusqu’à 24% en 2024), en particulier en raison de l’échéance d’une euro obligation de 2 milliards de dollars en juin 2024. Les réserves de devises resteront donc sous pression en 2022/2023.

Après s’être creusé en 2022, sous l’effet de la hausse des prix des produits de base, le déficit courant se réduira légèrement en 2023, porté par une réduction du déficit commercial structurel et une augmentation de l’excédent des services. En effet, si la croissance des exportations ralentira, affectée par la diminution de la demande de l’Europe et des Etats-Unis et par les mauvaises récoltes possibles liées à la persistance de la sécheresse, le ralentissement plus rapide de la croissance des importations entrainera une légère réduction du déficit commercial. Au regard du poids des importations d’énergie et des biens d’équipement dans le déficit commercial du Kenya, le recul des prix mondiaux freinera les sorties de devises. En outre, l’excédent de la balance des services augmentera, sous l’effet de l’intensification des services de tourisme (9% du PIB) et de transport. En effet, le Kenya est devenu le véritable hub maritime de l’Afrique de l’est, grâce au développement de ses infrastructures de transport telles que le port de Mombasa, qui constitue aujourd’hui le plus grand port d’Afrique de l’est. Compte tenu de la pression sur les réserves de devises (environ 5 mois d’importations), le déficit du compte courant sera financé par de nouveaux emprunts et des entrées d’IDE en provenance principalement du premier créancier bilatéral du Kenya : la Chine, qui détient près de la moitié de la dette extérieure du pays.

Un environnement politique apaisé dans le cadre d’un transfert de pouvoir pacifique

Les élections présidentielles d’août 2022 ont placé à la tête du Kenya William Ruto, membre de la coalition Kwanza et de l’ethnie Kalenjin (13% de la population, soit la troisième plus importante). Malgré le faible taux de participation (65%) et la contestation des résultats par le président sortant, Raila Odinga, le transfert de pouvoir s’est effectué pacifiquement le 13 septembre 2022. Organisées simultanément, les élections parlementaires ont confirmé l’infime majorité de la coalition Kwanza, qui contrôle désormais les deux chambres du parlement. Avec 179 sièges sur 349 à l’assemblée nationale, celle-ci gouvernera face aux 157 membres de l’opposition, la coalition Azimio, et aux 13 membres des partis indépendants. Si le vote sur critères ethniques semble avoir été dépassé lors des dernières élections, les conflits communautaires rendront toutefois vulnérable la petite majorité du Kwanza aux révoltes parlementaires.

Sur le plan extérieur, le Kenya approfondira l’intégration de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et jouera un rôle de premier plan dans l’adhésion de la République Démocratique du Congo, qui pose de nouveaux enjeux sécuritaires au sein de l’organisation intergouvernementale régionale. Par ailleurs, le pays maintiendra ses relations étroites avec ses partenaires multilatéraux et bilatéraux, en particulier avec les Etats-Unis et le Royaume Uni, principaux partenaires militaires du Kenya. Sur le plan commercial, l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis est encore en négociation, alors le Kenya peine à concilier intérêts nationaux et intégration régionale.

Dernière mise à jour : juin 2023

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