Faible croissance en 2023
En 2023, l'économie polonaise enregistrera l'un de ses taux de croissance les plus faibles depuis sa transformation économique à la fin des années 1980. L'inflation, qui a grimpé en flèche en 2022 et a atteint un niveau élevé de 17,2 % en janvier 2023, a affecté le revenu disponible réel des ménages et, par conséquent, l'économie. La consommation privée (58 % du PIB) reste un élément crucial de l'économie. L'inflation devrait atteindre un pic au premier trimestre 2023 et diminuer progressivement par la suite, tout en restant bien au-dessus de l'objectif d'inflation de la banque centrale de 2,5 % ± 1 p.p. de marge de tolérance. Le cycle de resserrement monétaire qui a débuté en octobre 2021 et qui a donné lieu jusqu'à présent à onze hausses de taux d'intérêt totalisant 665 points de base - la dernière ayant eu lieu en septembre 2022 - pourrait bien ne pas être terminé. L'évolution de l'inflation de base pourrait déclencher un nouveau resserrement monétaire si les tensions sont provoquées par un marché de l'emploi plus vigoureux qui entraîne une reprise de la consommation des ménages. Le marché du travail reste en bonne santé avec un faible taux de chômage (2,9 % en décembre 2022 selon la méthodologie d'Eurostat et l'un des niveaux les plus bas de l'UE, après la République tchèque et l'Allemagne) et une croissance solide des salaires nominaux (+10,3 % en décembre 2022). Toutefois, les salaires ont souffert en termes réels puisqu'ils sont devenus négatifs et devraient le rester tant que l'inflation sera à deux chiffres et que les entreprises hésiteront à augmenter leurs effectifs dans un contexte d'incertitude.
Dans le même temps, les investissements ne viendront pas à la rescousse car leur croissance sera limitée non seulement par des facteurs économiques mais aussi par des retards dans l'obtention des fonds de relance et de résilience de l'UE (RRF) en raison du différend sur l'état de droit avec l'UE. Le montant des subventions et des prêts du FRR est relativement modeste : 35 milliards d'euros (5,6 % du PIB) ; cependant, ces fonds ont un impact indirect sur d'autres parties de l'économie et des secteurs, et affectent l'ensemble des investissements. La confiance pourrait faire les frais des investissements manqués.
Le risque de perturbations énergétiques est faible grâce à la diversification des approvisionnements en gaz russe et en charbon. Toutefois, cela ne signifie pas que la Pologne échappera au risque de hausse des prix de l'énergie à l'avenir. Si ce risque se matérialise, la compétitivité des industries et des chaînes d'approvisionnement énergivores s'érodera. En revanche, la Pologne bénéficie toujours de l'afflux d'investissements directs étrangers, qui pourraient être encore renforcés par les tendances de nearshoring.
Augmentation du déficit budgétaire
En 2023, le ratio déficit public/PIB devrait encore augmenter en raison de la baisse des recettes et de l'augmentation des dépenses pour faire face à la crise énergétique et aux problèmes géopolitiques, ainsi que de l'augmentation des dépenses de défense, qui devraient atteindre près de 4 % du PIB. Malgré la réduction de ce que l'on appelle le bouclier anti-inflationniste (réduction de la valeur ajoutée, des accises et des taxes sur les carburants, entre autres mesures, mises en œuvre au début de 2022), le plafonnement actuel des prix de l'électricité et du gaz devrait coûter cher au budget. En outre, les élections législatives prévues à l'automne pourraient encourager davantage l'assouplissement budgétaire.
L'atténuation des perturbations des chaînes d'approvisionnement a stimulé la croissance des exportations et le commerce extérieur. Comme la demande intérieure plus faible limite la croissance des importations, les exportations nettes devraient contribuer positivement à la croissance du PIB en 2023. Leur contribution est déjà devenue positive au second semestre 2022 après avoir été négative au cours des quatre trimestres précédents. Toutefois, les performances économiques des principaux partenaires extérieurs seront déterminantes (c'est-à-dire les autres pays de l'UE, qui représentent 76 % des exportations). Le déficit des comptes courants devrait se réduire légèrement. L'augmentation des investissements directs étrangers et les entrées régulières de capitaux de l'UE (fonds de cohésion) permettront de le financer.
Prochaines élections législatives
Le parti de droite au pouvoir, Droit et Justice (PiS), a remporté un second mandat lors des dernières élections législatives d'octobre 2019. Les derniers sondages montrent que le parti au pouvoir bénéficie toujours d'un large soutien, bien qu'il soit moins important que lors des élections de 2019. Les prochaines élections, prévues en 2023, pourraient voir une scène politique plus divisée.
Sur le plan extérieur, le conflit avec la Commission européenne sur l'érosion de l'État de droit rend incertain le versement des fonds de relance de l'UE. Le retard dans l'approbation d'une réforme judiciaire essentielle compromet le déblocage de la première tranche des fonds du FRR. La Commission européenne a introduit le mécanisme de conditionnalité en 2020, ce qui pourrait empêcher le versement des fonds à la Pologne et à la Hongrie. Un projet de loi visant à réviser le système disciplinaire polonais pour les juges a été adopté par le Parlement en février 2023. Le président Andrzej Duda a en effet décidé d'envoyer le projet de loi au Tribunal constitutionnel, la cour qui décide si les lois sont conformes à la constitution polonaise.