Egypte

Afrique

PIB / Habitant ($)
3 743,6 $
Population (en 2021)
105,2 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
C
Précédemment
C
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • 116 millions d’habitants, population jeune et croissante
  • Carrefour géostratégique (Canal de Suez) et rôle dans la lutte contre le terrorisme
  • Potentiel touristique
  • Potentiel pétrolier, gazier et minéral (or, minerai de fer, charbon, phosphate, cuivre)
  • Soutien politique et financier du Golfe et de l’Occident
  • Programmes financés du FMI (FEC et FRD de respectivement 8 milliards – dont 3,2 milliards déjà versés - et 1,3 milliards de dollars jusqu’à 2026)
  • Dette publique principalement domestique (environ 70% en 2024)
  • Inclusion financière rapidement croissante (74,8% des ménages en 2024)
  • Multiples accords de libre-échange (pays arabes, Afrique de l’Est et australe, Union Européenne, Etats-Unis, Mercosur etc.)

Points faibles

  • Pauvreté (21% selon l’indice de pauvreté multidimensionnelle de l’ONU), chômage chez les jeunes (14,9% chez les 15-29 en 2024) et les femmes (16,6%), informalité (67% des travailleurs en 2021, la presque totalité dans l’agriculture et la construction)
  • Faibles recettes publiques (14,3% du PIB pour l’année fiscale 23/24), lourds déficit et dette publics
  • Maigres exportations manufacturières et à faible valeur ajoutée, faible productivité (surtout dans les secteurs agricoles et des services), fragilité de la balance des paiements
  • Insuffisance de l’investissement (12,7% du PIB en 23/24) qui se concentre dans la construction et l’extraction, couplée à celle de l’épargne (7,2% du PIB en 23/24)
  • Manque d’eau et dépendance au Nil, dépendance aux importations, notamment alimentaires et énergétiques
  • Le contrôle de l’Etat, notamment de l’armée, sur l’économie pèse sur le développement du secteur privé : le secteur public représente 30% du PIB en 2024
  • Corruption, bureaucratie, faible gouvernance (en dessous du 50ème percentile dans toutes les catégories des Indicateurs de gouvernance mondiale)
  • Environnement géopolitique sensible

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
25%
Turquie
9%
Arabie saoudite
6%
Émirats arabes unis
5%
États-Unis d'Amérique
5%

Import des biens en % du total

Europe 18 %
18%
Chine 14 %
14%
Arabie saoudite 7 %
7%
États-Unis d'Amérique 6 %
6%
Russie (Fédération de) 6 %
6%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

La relance se confirme grâce à la consommation et l’investissement

La croissance économique devrait poursuivre son redressement au cours de l’exercice budgétaire 25/26. Son dynamisme reposera, avant tout, sur la consommation privée (environ 90% du PIB en 24/25), portée par la hausse du traitement des fonctionnaires et du salaire minimum dans le privé, le maintien de la protection sociale et l'augmentation des transferts de fonds des expatriés. La flexibilisation du taux de change de la livre devrait assurer la compétitivité des exportations (produits pétroliers, or, produits chimiques et engrais, câbles, écrans, fruits et légumes, vêtements, matériaux de construction). Toutefois, la concurrence hors prix du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie, ainsi que la dépendance de l’Égypte au gaz importé, pèseront sur la contribution des exportations nettes à la croissance. L’économie continuera de bénéficier du développement de la ville côtière de Ras El-Hekma, à l’ouest d’Alexandrie, appelée à devenir un grand pôle touristique et économique, grâce aux investissements prévus de 150 milliards de dollars d’ici 2040. De plus, les autorités orientent les investissements directs étrangers – notamment en provenance du Golfe, de Chine, de Turquie – vers les infrastructures portuaires (6 ports déjà en service) et les 4 zones industrielles existantes (textile, chimie, automobile et énergie entre autres) de la zone économique du Canal de Suez (SCZONE). Les énergies renouvelables seront un autre moteur de croissance, avec des investissements dans le solaire et l’éolien. Le gouvernement vise l’ajout de 12 gigawatts de capacité d’ici 2026 et prévoit de doubler ses investissements dans le secteur de l’électricité et des énergies renouvelables en 25/26, atteignant 2,8 milliards de dollars. En parallèle, quatre nouveaux accords d’exploration gazière, signés en septembre 2025, mobiliseront 343 millions de dollars d’investissements. Le secteur privé sera également stimulé par des incitations fiscales pour les petites et moyennes entreprises mises en place début 2025. Enfin, le tourisme culturel devrait connaître un nouvel essor avec l’inauguration du Grand musée égyptien prévue en novembre 2025.

Par ailleurs, le gouvernement s’efforce de laisser plus de place au secteur privé dans l’économie. A ce titre, il a publié, en 2022, un document stratégique comprenant un calendrier pour le retrait de l’Etat de certains secteurs économiques. Dans la même lignée, le gouvernement a proposé, en aout 2025, une série de mesures incitatives pour encourager les entreprises à coter leurs actions en bourse, telles que des allègements fiscaux pour les investisseurs. Cela devrait permettre une reprise des ventes d’actifs publics à partir de la fin de 2025 et favoriser la confiance des investisseurs. Toutefois, le processus est lent : sur les 35 candidats à la privatisation annoncés depuis 2022, seuls neuf ont fait l’objet d’une vente. La lenteur des réformes (réduction de la place de l’Etat dans l’économie, mise à niveau fiscal du privé et du public etc.) a par ailleurs valu une fusion entre la cinquième et la sixième revue du FMI, prévues en fin d’année.

Enfin, on observe une forte baisse de l’inflation depuis son pic de septembre 2023 (38 %). La baisse attendue des prix des denrées alimentaires et de l'énergie importées – liée à l’évolution des prix mondiaux – ainsi que la stabilisation de la livre, après sa chute libre de 40 % en mars 2024 avec la libéralisation du change, y contribue opportunément. Cette stabilisation de la livre s’explique par l'écart entre les taux d'intérêt réels nationaux et américains, ainsi que par la baisse de l'inflation. En revanche, l’inflation des services demeure tenace et les prix du carburant, de l'électricité et du pain continueront d’augmenter avec la réduction progressive des subventions publiques dans le cadre du resserrement budgétaire. Le ralentissement de l’inflation globale a encouragé la Banque centrale d’Egypte (CBE) à opérer trois baisses de taux depuis le début de 2025, ramenant le taux directeur de 27,25% à 22% à août. De nouvelles baisses de taux, alors qu’ils restent anormalement élevés et la désinflation continue, devraient intervenir d’ici la fin de 2025 et en 2026. Cela stimulera la consommation privée et l’investissement.

Sur la voie d’une consolidation budgétaire

Pendant l’année fiscale 25/26, l’important déficit public devrait se réduire légèrement. Les subventions et la masse salariale continuent de peser, et les autorités sont réticentes à aligner l’imposition du vaste secteur public sur le privé. Le budget de l’exercice affiche un objectif clair : augmenter le surplus primaire (c-à-d. hors intérêts de la dette) pour réduire le ratio dette/PIB. Les recettes devraient augmenter de 19% grâce à l’élargissement de l’assiette fiscale, l’amélioration de la collecte et la réforme des procédures douanières. Côté dépenses (+18%), l’accent est mis sur les dépenses de santé (+31%), les subventions, aides et prestations sociales (+15%). Les programmes de protection sociale « Takaful et Karama » voient leur budget augmenter de 35 %. Le subventionnement de l’énergie (carburant et électricité) reste lourd, mais le gouvernement vise à supprimer les subventions sur les carburants d’ici décembre 2025, même si un retard est à prévoir compte tenu de la sensibilité politique. Cette décision s’appuie sur l’évolution favorable des cours internationaux et de l’inflation. Le budget prévoit une augmentation des salaires de 10 % pour les fonctionnaires régis par la loi sur la fonction publique, et de 15 % pour les autres. L’Etat empruntant majoritairement à court terme sur le marché domestique, la baisse des taux décidée par la CBE réduira le poids de la charge des intérêts. L’excédent primaire réduira le ratio dette/PIB. Les banques commerciales domestiques sont les premières détentrices de la dette publique. La dette extérieure représente 30% de la dette publique et est détenue en majorité par des créanciers multilatéraux (FMI, Banque mondiale). Le FMI qualifie la dette publique de viable mais estime que le risque de crise souveraine est élevé.

Structurellement déficitaire, du fait du déficit commercial et de la balance des revenus d’investissement, le compte courant devrait légèrement s’améliorer en 25/26. De fait, malgré les tensions régionales, les revenus touristiques devraient rester dynamiques, confortant l’excédent des services. Cependant, le tourisme ne peut que partiellement compenser la baisse de trafic du Canal de Suez, qui reste inférieur d'environ 70 % aux niveaux de 2022, en raison des perturbations causées par les rebelles houthis du Yémen. Les redevances représentaient environ 10 % des recettes courantes de l'Égypte avant la guerre entre Israël et le Hamas. Les transferts de fonds des expatriés du Golfe et du Royaume-Uni continuent d'affluer, augmentant l’excédent de la balance des revenus secondaires, et sont revenus vers les canaux officiels, maintenant que le taux de change reflète les conditions du marché. De plus, les droits de douane américains devraient avoir un impact limité, car les exportations vers les États-Unis ne représentaient que 0,8 % du PIB et 5% des exportations totales en 2024. L’Egypte pourrait même bénéficier de la guerre commerciale : avec des droits relativement faibles (10%), le pays pourrait récupérer une partie de la demande américaine (vêtements et accessoires vestimentaires notamment) au détriment de pays asiatiques touchés par des droits plus élevés. Malgré tout, les exportations devraient rester bien en-dessous de leur pic de 2022, en raison de l’arrêt des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Quant aux importations, elles devraient rester vigoureuses, l’Egypte étant dépendante des importations de gaz, les investissements dans l’exploration étant au ralenti et les champs vieillissants. En outre, les projets d’infrastructures, tels que Ras El-Hekma, stimuleront les importations de biens intermédiaires et d’équipement. Le déficit courant est financé par les investissements directs et de portefeuille étrangers, ainsi que par les financements multilatéraux et bilatéraux. Le retour des capitaux étrangers a été rendu possible grâce à l'accord conclu avec le FMI fin 2022. Grâce aux flux du projet de Ras El-Hekma, avec un versement initial de 35 milliards de dollar en contrepartie de la vente des terrains et des droits de développement, les réserves de devises couvriront un peu plus de 6 mois d’importation.

Au cœur des tensions géopolitiques régionales

Sur le plan domestique, en l’absence de véritable opposition, le président Abdel Fattah al-Sissi a été réélu haut la main en décembre 2023. La modification de la Constitution (2019) lui a permis d’entamer son 3ème et, en principe, dernier mandat de 6 ans. Toutefois, la situation politique et sociale est délicate et le souci de maintenir la paix sociale n’incite pas les autorités à presser les réformes. Malgré la protection sociale, les ménages ont enregistré une hausse du coût de la vie, à laquelle s’ajoute l’assainissement budgétaire. En outre, les tensions géopolitiques régionales, notamment la situation humanitaire à Gaza, ont suscité des manifestations que le gouvernement a réprimées, craignant qu’elles ne se transforment en expression d’un mécontentement plus général. La restriction des libertés fait courir le risque que le mécontentement populaire s’exprime soudainement et violemment, les autorités méconnaissant le degré de soutien de la population. Cependant, la présidence bénéficie du soutien des forces armées, entretenu par le maintien de leur contrôle sur une large part de l’économie et les exemptions fiscales. Le parti présidentiel Mostaqbal Watan devrait à nouveau remporter les prochaines élections législatives, prévues fin 2025.

Sur le plan international, le projet de construction d’une ville humanitaire à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, tend la relation avec Israël. De fait, cela impliquerait un afflux de réfugiés à proximité de la côte nord du Sinaï. Toutefois, les relations devraient rester correctes, les deux pays étant étroitement liés dans le domaine du commerce, de la sécurité et du renseignement. L’Egypte vient, d’ailleurs, de signer un contrat de 35 milliards de dollars pour la fourniture de 130 milliards de mètres cube de gaz naturel d’ici 2040 depuis le champ Léviathan avec le groupe gazier israélien NewMed Energy. De plus, pour l'Égypte, rompre ses liens avec Israël compromettrait sa relation avec les États-Unis, qui lui fournissent une aide militaire estimée à 1,3 milliards de dollars en 2024 (qui n'a pas été réduite, contrairement à d'autres programmes d'aide américains).

A cela s’ajoutent les attaques des rebelles Houthis du Yémen en mer Rouge et dans le golfe d’Aden qui forcent les grandes compagnies maritimes à délaisser le Canal. Les tensions diplomatiques avec l’Ethiopie restent d’actualité, alors que le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil bleu est terminé depuis juillet 2025. Située en aval, l’Egypte pourrait voir son approvisionnement en eau perturbé. Alors que les discussions sur un accord de partage de l’eau stagnent, l’Egypte a passé des accords commerciaux et militaires avec les rivaux régionaux de l’Ethiopie (Somalie, Soudan) afin de renforcer sa position militaire et diplomatique dans la corne de l’Afrique.

Dernière mise à jour : août 2025

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