Une croissance toujours modérée en 2024
La croissance d'Oman progressera en 2024 grâce à l'augmentation des recettes tirées des hydrocarbures (35 % du PIB) et à l'activité d'investissement (environ 25 % du PIB). Bien que la production de pétrole soit estimée stagner en 2024, la hausse des prix de l'énergie soutiendra la performance de la croissance. En outre, comme les réserves de pétrole du pays vieillissent, Oman se concentre davantage sur la production de gaz, qui devrait augmenter de 3 % en glissement annuel pour atteindre 46 milliards de m3 en 2024, suite à l'inauguration du champ nord-est de Mabrouk. En outre, les exportations de GNL devraient augmenter d'environ 4 % en glissement annuel en 2024 pour atteindre un niveau record de 16,4 milliards de m3 grâce aux travaux de dégoulottage (c'est-à-dire l'achèvement de l'extension du terminal GNL de Qalhat qui a augmenté la capacité d'un million de tonnes par an). Les investissements, provenant principalement du secteur public, augmenteront conformément au programme Vision 2040 visant à la diversification économique. Ce programme soutiendra la finance, l'industrie manufacturière, l'exploitation minière, la logistique (principalement les routes et les ports), le tourisme et la numérisation. Parallèlement, le gouvernement s'est fixé pour objectif de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici à 2050. Une plus grande diversification devrait également soutenir la contribution des exportations nettes (environ 15 % du PIB) à la croissance, car les autorités donnent la priorité aux investissements dans les secteurs orientés vers l'exportation, tels que la métallurgie, les installations d'hébergement et de transport, les plastiques, la pétrochimie et les énergies renouvelables, en particulier l'hydrogène vert produit à partir de l'énergie éolienne et solaire. La consommation privée (environ 25 % du PIB) bénéficiera de la reprise du tourisme, de l'urbanisation en cours et des efforts du gouvernement pour introduire davantage d'Omanais dans la main-d'œuvre, en remplaçant les travailleurs expatriés par des citoyens omanais formés. Toutefois, les mesures prises par le gouvernement pour supprimer progressivement les subventions feront grimper l'inflation en 2024, ce qui entravera la consommation privée. Oman a annoncé en 2020 qu'il supprimerait progressivement les subventions pour l'eau et l'électricité d'ici 2025.
Léger redressement des excédents budgétaires et extérieurs en 2024
Compte tenu de la hausse attendue des prix de l'énergie et d'une augmentation d'environ 3 % de la production de gaz, la croissance des exportations omanaises (60 % du PIB) soutiendra l'excédent de la balance courante. Une reprise de l'économie mondiale soutiendrait la croissance des exportations de plastiques et de produits chimiques d'Oman. L'inauguration d'une nouvelle usine d'ammoniac à Salalah (d'une capacité de production de 1 000 tonnes par jour d'ammoniac liquide) et la raffinerie de Duqm, qui entrera en pleine production d'ici la fin de l'année 2023, se traduiront par une augmentation des exportations de produits chimiques. Une augmentation estimée des recettes touristiques d'environ 10 % pour atteindre 3,3 milliards USD en 2024 (près de 2,5 % du PIB) soutiendra également l'excédent de la balance des comptes courants. Cela dit, les importations soutenues de services liées à la diversification et au développement de la production d'hydrocarbures, ainsi que l'augmentation des envois de fonds et des sorties de dividendes des travailleurs et des entreprises étrangers, ne suffiront pas à maintenir les comptes de services et de revenus en déficit.
La hausse des prix des hydrocarbures (70 % des recettes totales) et l'introduction de l'impôt sur le revenu devraient soutenir les recettes fiscales. En outre, la croissance des recettes hors hydrocarbures, dans le cadre de la diversification économique, devrait également contribuer à l'excédent budgétaire. Toutefois, les dépenses totales devraient augmenter d'environ 5 % en 2024 par rapport à l'année précédente, en raison d'une hausse de 7 % des dépenses courantes (environ 25 % du PIB) due principalement à la masse salariale (près de 25 % des dépenses totales) et aux transferts sociaux soutenus, y compris les subventions (40 %). Cela exercerait une pression à la baisse sur l'excédent budgétaire.
La scène politique restera calme
Le sultan Haitham bin Tariq al-Said a succédé au sultan Qaboos en 2020, à la mort de ce dernier. Tariq al-Said concentre le pouvoir et a été en mesure d'assurer la légitimité politique. L'instabilité régionale représente à la fois une opportunité de médiation et une source de risque pour le pays, en particulier avec la guerre au Yémen qui se trouve à la frontière occidentale d'Oman. L'un des principaux risques est lié à son potentiel de franchissement de la frontière. Dans un tel scénario, le pays serait en mesure de demander un soutien militaire aux États-Unis et à d'autres alliés. L'amélioration récente des liens avec l'Iran sur la base d'interactions bilatérales croissantes contribuera à assurer la stabilité régionale. Sur le plan intérieur, la suppression progressive des subventions dans le cadre des réformes fiscales pourrait entraîner un regain d'opposition sociale, comme ce fut le cas en mai 2021.