Tunisie

Afrique

PIB / Habitant ($)
3 822,3 $
Population (en 2021)
12,0 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
B
Précédemment
C
Précédemment
B

suggestions

Résumé

Points forts

  • Économie relativement bien diversifiée : industrie manufacturière, pétrochimie, transports, agriculture, tourisme
  • Proximité du marché européen
  • Ressources naturelles (olives, phosphates et hydrocarbures) mais soumises à la météo ou aux grèves
  • Potentiel touristique
  • Compétitivité des équipements automobiles, aéronautiques, médicaux produits en zones franches

Points faibles

  • Société sous tension : chômage des jeunes (~39%), disparités côte-intérieur, fuite des cerveaux et émigration clandestine, grèves et manifestations
  • Concentration des pouvoirs à la présidence, faible adhésion populaire aux nouvelles institutions issues de la constitution adoptée en 2022
  • Secteur public difficile à réformer et masse salariale pesant dans le budget de l’Etat
  • Secteur touristique affaibli par des chocs successifs et dépendant de la conjoncture européenne
  • Recul de l’avantage compétitif (textile, tourisme)
  • Dépendance énergétique
  • Economie informelle prégnante et nuisible aux finances publiques

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
64%
Libye
4%
Royaume-Uni
3%
États-Unis d'Amérique
2%
Turquie
2%

Import des biens en % du total

Europe 41 %
41%
Chine 11 %
11%
Turquie 6 %
6%
Algérie 6 %
6%
Russie (Fédération de) 3 %
3%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Les difficultés socio-économiques pénalisent la croissance tunisienne

En 2023, l’activité économique a dévissé en raison de l’affaiblissement de la demande privée, en lien avec la forte inflation et la sévère sècheresse, affectant la production agricole. En 2024, la croissance resterait en dessous des 2%, en raison de la persistance des difficultés économiques. Le taux de chômage restera très élevé (15%) et l’inflation devrait persévérer, obligeant la banque centrale à conserver une politique monétaire restrictive (taux directeur à 8% en décembre 2023). Ce contexte continuera d’affaiblir le pouvoir d’achat des ménages, maintenant un niveau de dépenses de consommation relativement bas. Par ailleurs, les investissements resteront faibles, en lien avec un accès limité au financement extérieur. En effet, la confiance des investisseurs nationaux et étrangers s’est érodée en raison des négociations difficiles avec le FMI relatives à la mise en place d’un programme assorti d’un prêt (Mécanisme élargi de crédit) de 1,9 milliards USD sur 4 ans. Un accord préliminaire, conclu en novembre 2022, n’a toujours pas été approuvé par le conseil d’administration du FMI, une étape pourtant clé pour débloquer les fonds, en raison du refus du président Saïed d’adopter certaines mesures d’assainissement budgétaire, telles que la réduction des subventions sur les produits de base et la restructuration des organismes publics. Cet accès restreint aux financements extérieurs, conjugué à un manque de devises étrangères, continuera à freiner les importations, ce qui entraînera de nouvelles pénuries (alimentation, carburant, médicaments), et exacerbera l’inflation. La faible croissance sera donc principalement imputable aux exportations du secteur offshore (équipements automobiles et aéronautiques, textiles et agroindustriels), aidées par un taux de change plus compétitif. Par ailleurs, le tourisme devrait encore contribuer positivement à la croissance économique en 2024, après sa nette reprise en 2023, un des rares secteurs à afficher une croissance. Cependant, étant fortement liés au cycle économique européen, les exportations, notamment de textile, et le tourisme resteront en dessous de leur potentiel, souffrant de la méforme européenne.

Une situation financière précaire en l’absence de soutien du FMI

Les comptes publics et extérieurs de la Tunisie resteront précaires en l’absence de l’adoption du programme du FMI. Le déficit public devrait légèrement se réduire en 2024 en raison d’une hausse attendue des recettes budgétaires. En effet, le projet de loi 2024 prévoit un impôt supplémentaire temporaire (jusqu’en 2025) de 4% sur les bénéfices des banques et des compagnies d’assurance, un impôt complémentaire de 15% sur les bénéfices des multinationales et grands groupes nationaux, une hausse de la taxe de séjour pour les étrangers, ainsi qu’une réduction de la masse salariale publique à 13,5 % du PIB (contre 14,4% en 2023). Cependant, les dépenses publiques resteront importantes. Le gouvernement souhaite maintenir les subventions (représentant 6,5% du PIB), notamment dans le secteur des hydrocarbures, afin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, en s’efforçant, toutefois, d’améliorer la gestion des coûts (mécanisme de contrôle de la consommation d’hydrocarbures dans le secteur public, mesures fiscales pour encourager l’adoption d’énergies plus propres). La présidentielle à l’automne 2024 devrait également inciter le gouvernement à maintenir les aides sociales, bien qu’un serrage de vis puisse être attendu post élection. Compte tenu d’un accès limité au financement extérieur, en l’absence du programme du FMI, et de la réticence des investisseurs étrangers, les autorités s’orienteront vers les banques locales, y compris la banque centrale, les emprunts bilatéraux, par exemple auprès de l’Arabie saoudite et de l’Algérie (déjà sollicités), ainsi que vers la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) pour financer le déficit public. Face à l’important déficit, l’Etat pourrait retarder les paiements à ses fournisseurs locaux. La dette publique, détenue à 80% par des créanciers multi et bilatéraux (respectivement 60% et 20%) restera à un niveau élevé. Le risque de défaut de paiement sera élevé en 2024, alors qu’environ 2,6 milliards de dollars de dette extérieure arrivent à échéance.

Le déficit du compte courant persistera en 2024, avec un déficit de la balance commerciale stable. Le manque de dynamisme des exportations et du secteur touristique sera compensé par des importations anémiques en raison de la langueur de la demande domestique et de leur compression par la rétention des devises par la banque centrale. En revanche, les envois de fonds des travailleurs expatriés resteront soutenus. Toutefois, dans un contexte social tendu, des grèves pourraient perturber la production de phosphates et d’hydrocarbures, pénalisant les échanges. Compte tenu de la faiblesse des investissements étrangers et de l’accès réduit aux financements internationaux, le déficit sera principalement financé par les réserves de change, pourtant déjà affaiblies, qui tomberont à un niveau très critique, autour de 2,5 mois de couverture des importations.

Le soutien occidental s’érode face au recul démocratique

Le climat politique a radicalement changé depuis 2021. Une décennie après la révolution de 2011, le système parlementaire dysfonctionnel, dans lequel s’affrontaient président, premier ministre et parlement, a été remplacé par un régime ultra-présidentialiste. Après avoir été élu en octobre 2019, le président Kaïs Saïed, un ancien professeur de droit constitutionnel, a progressivement imposé son calendrier institutionnel, en suspendant le Parlement en 2021 et en limogeant les ministres, y compris le premier. La nouvelle constitution, rédigée sous sa supervision et adoptée par référendum en 2022, a transformé le système institutionnel tunisien en un régime présidentiel, affaiblissant le parlement et le pouvoir judiciaire. Le suspens autour de la présidentielle de l’automne 2024 et de la réélection du président Saïed est minime, alors que les partis politiques sont marginalisés, et des opposants et journalistes poursuivis. Néanmoins, des troubles sociaux restent possibles à l’approche de l’élection, dans un contexte particulièrement tendu, marqué par un taux de chômage et une inflation élevés.

Le soutien des pays occidentaux à la Tunisie s’érode en raison de la dérive autoritariste et du rejet du programme initialement convenu avec le FMI. Cela intervient alors que le pays fait face à un risque de défaut de paiement. Cependant, après un épisode de tensions avec la Commission européenne, lié au rejet initial par le président Saïed de son aide budgétaire, destinée en partie à l’amélioration du contrôle des migrations, les relations se sont améliorées. En effet, fin décembre, l’UE a débloqué une aide de 150 millions d’euros, s’inscrivant dans le cadre du Mémorandum d’entente pour un partenariat stratégique et global, conclu le 16 juillet 2023, afin de favoriser la relance économique, notamment à travers une amélioration du climat des affaires et d’une meilleure gestion des finances publiques.

Dernière mise à jour : avril 2024

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