Après un net ralentissement en 2023, la croissance du PIB devrait repartir à la hausse
L'augmentation de la demande mondiale de pétrole qui s'ensuivra, grâce à la solide croissance asiatique et à la hausse des prix du pétrole qui en résultera, devrait soutenir l'économie des Émirats arabes unis (EAU) en 2024. Toutefois, la prolongation des restrictions de production de pétrole par l'OPEP+ jusqu'à la fin de l'année 2024 restera un frein. Dans le même temps, l'activité du secteur non pétrolier restera robuste. La concurrence croissante de l'Arabie saoudite voisine poussera les autorités à accélérer les réformes économiques (nouvelle loi commerciale autorisant les étrangers à détenir des sociétés à part entière, nouvelle loi sur le travail déplaçant les jours de week-end du vendredi et samedi au samedi et dimanche en 2022), ce qui aura un impact positif sur les investissements (environ 20 % du PIB). La baisse de l'inflation et l'afflux de travailleurs étrangers attirés par la diversification économique à Abu Dhabi et Dubaï (les Émiratis représentent environ 10 % de la population totale) contribueront à soutenir la consommation privée (près de 40 % du PIB). De plus, les EAU, qui sont restés neutres dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine, ont accueilli un nombre croissant de riches touristes et migrants russes, mais aussi des travailleurs du secteur des hautes technologies fuyant les sanctions occidentales. Ils stimuleront encore davantage le marché immobilier local et la consommation.
Par ailleurs, les Émirats arabes unis continueront à jouer le rôle de plaque tournante pour l'or russe, rôle qui s'est accru depuis le début de la guerre en 2022. Les EAU ont importé environ 76 tonnes d'or russe d'une valeur de près de 3 milliards USD entre février 2022 et mars 2023, contre 1,3 tonne en 2021, selon les douanes russes. De même, depuis que la Suisse applique des sanctions, le commerce du pétrole s'est déplacé de ce pays vers les EAU, entraînant également le développement de capacités de stockage à Fujairah. La neutralité politique des EAU et leur emplacement stratégique à proximité des marchés africains et asiatiques devraient renforcer ces positions. Indépendamment, la stratégie du gouvernement visant à augmenter le nombre de visiteurs étrangers pour diversifier le tourisme sera également favorable. Les régions Asie-Pacifique et Moyen-Orient seront les deux principales sources d'arrivées au cours de la période de prévision (estimées respectivement à 5,1 millions et 5,09 arrivées en 2023, selon l'IMC). En 2024, les recettes touristiques devraient augmenter de 7 % en glissement annuel pour atteindre 43,7 milliards USD (9 % du PIB), ce qui renforcera également le poids de la consommation privée. La consommation publique (environ 12 % du PIB), cependant, sera principalement axée sur les réformes et les incitations des entreprises plutôt que sur des programmes de relance de la consommation. La banque centrale devrait marcher dans les pas de la Réserve fédérale américaine en respectant l'ancrage au dollar, ce qui contribuera à réduire les pressions inflationnistes. Cela dit, la hausse des prix des loyers alimentera la composante logement du panier de l'IPC (35 %), ce qui maintiendra l'inflation au-dessus de la moyenne 2020-2022 d'environ 1,3 %. La contribution des exportations nettes à la croissance du PIB diminuera en 2024, en raison de la limitation de la production d'hydrocarbures, tandis que la demande de consommation et de biens d'équipement importés restera forte grâce à la résistance de la consommation privée et aux grands projets d'infrastructure.
Narrower twin surpluses expected in 2024
La stagnation de la production pétrolière, qui génère environ 50 % des recettes fiscales et environ 60 % des exportations de marchandises, pèsera sur les excédents budgétaires et courants. La production pétrolière des Émirats arabes unis devrait diminuer de près de 3 % en 2023 et rester pratiquement stable en 2024 (environ 4 millions de barils/jour) en raison de la décision de l'OPEP+, en juin 2023, de réduire davantage la production et de prolonger la période de restriction jusqu'à la fin de l'année 2024. Les recettes fiscales non pétrolières devraient quant à elles augmenter grâce à l'introduction du premier impôt sur les sociétés des Émirats arabes unis (9 %) au début de l'année 2023 et à la bonne tenue de la consommation privée. Des recettes commerciales plus élevées sont attendues. Du côté des dépenses, les investissements publics liés à la diversification économique augmenteront la demande de biens d'équipement importés. L'augmentation des importations de services, tels que les voyages à l'étranger, creusera le déficit des services. L'introduction de différents types de visas permettant à une population immigrée plus importante d'augmenter les envois de fonds (les transferts privés nets sont estimés à 9 % du PIB en 2023). Les Émirats arabes unis continueront d'enregistrer d'importantes réserves de change. La banque centrale détient environ 160 milliards USD d'actifs étrangers en juin 2023. L'Abu Dhabi Investment Authority (ADIA) gère des actifs d'une valeur estimée à 850 milliards d'USD. Cela conforte les Émirats arabes unis dans leur position de force pour maintenir l'ancrage de la monnaie.
Stabilité politique dans une région instable
En mars 2023, le dirigeant des Émirats arabes unis a nommé son fils aîné prince héritier d'Abou Dhabi et son successeur probable président de la Fédération. Ce remaniement devrait avoir un impact limité sur la stabilité politique des EAU. La stabilité actuelle devrait renforcer la position de plaque tournante mondiale et régionale du pays en matière d'expédition et de commerce. Toutefois, le niveau de transparence et de démocratie des émirats continuera à représenter un défi, car la sécurité et les avantages sociaux dépendent principalement des revenus pétroliers. Les Émirats arabes unis partagent des frontières maritimes avec l'Iran et les tensions entre les deux pays ont fluctué dans le passé. Après six années de relations tendues, les liens entre les deux pays ont commencé à s'améliorer en 2023, tant au niveau du gouvernement que du secteur privé. Les deux pays ont rouvert leurs ambassades respectives et organisé des visites officielles de haut niveau. Cela contribuera à apaiser les tensions dans la région et pourrait accroître les échanges et les opportunités commerciales dans des secteurs tels que le tourisme, les infrastructures et la technologie.