Transports

Asie-Pacifique
Risque élevé
Europe centrale et de l'est
Risque très élevé
Amérique Latine
Risque élevé
Moyen-orient et Turquie
Risque élevé
Amérique du Nord
Risque élevé
Europe de l'Ouest
Risque élevé

Résumé

Points forts

  • Progrès techniques contribuant à diminuer les coûts
  • Secteur maritime très concentré
  • Demande de long terme pour les principaux avionneurs avec le besoin de mobilité et l’émergence des classes moyennes en Asie

Points faibles

  • Secteur considérablement dépendant des fluctuations des cours du pétrole
  • Secteur durement touché par les préoccupations environnementales (imposition de normes internationales de plus en plus contraignantes pour les professionnels du secteur, par exemple les normes d’émission de CO2)
  • Secteur très dépendant des aléas climatiques et biologiques, aggravés par l’augmentation de la fréquence de phénomènes extrêmes (épisodes caniculaires, inondations, feux, etc.)
  • Secteur fortement lié au cycle économique et à l’évolution du commerce mondial

Evaluation des risques sectoriels

L’année 2023 a été une année de ralentissement pour le secteur des transports. La diminution des échanges mondiaux (-1.8% en glissement annuel en novembre 2023) a directement impacté l’ensemble des modes de transports, notamment le fret maritime (90% des échanges) et le fret aérien qui ont connu une diminution continue de septembre 2022 à août 2023. Le trafic aérien de passager a, en revanche, poursuivi son rétablissement et est proche du niveau pré-pandémie (2,5% inférieur en décembre 2023).

Le secteur des transports ne connaîtra pas de nette accélération en 2024. Bien que la fin d’année 2023 ait vu l’amélioration de certains indicateurs en glissement annuel, le contexte économique mondial ne devrait pas permettre de forte croissance du secteur. En effet, la croissance économique mondiale devrait ralentir en 2024 (2,3% en 2024 après 2,6% en 2023 d’après les prévisions de Coface), principalement en raison d’un ralentissement prévu en Chine et aux Etats-Unis.

Les prix et les taux d’intérêts élevés impactent la consommation des ménages et l’activité économique, notamment du secteur manufacturier. L’indice des directeurs des achats (Purchasing Managers Index ou PMI) suggère la poursuite d’un déclin pour le secteur manufacturier (valeur inférieure à 50). Le ralentissement du secteur manufacturier aura un impact négatif sur l’ensemble des transports au niveau global (maritime, aérien) et régional (ferroviaire et routier).

D’autres problématiques subsistent pour le secteur des transports. Tandis que le fret maritime est pénalisé par la normalisation des taux de fret grâce à l’atténuation des pressions sur les chaînes d’approvisionnement, le fret routier fait face à une pénurie de main d’œuvre (7% des postes sont vacants en 2023). Le secteur des transports est aussi confronté à un risque géopolitique croissant, comme le montre la situation en mer Rouge. A plus long terme, les coûts associés aux réglementations environnementales auront un impact potentiellement négatif pour le secteur des transports.

Perspectives économiques du secteur

Le secteur des transports est touché par le ralentissement de l’économie mondiale

Le secteur manufacturier reste sous pression, affectant plus particulièrement l’Europe. Il a notamment été affecté par la hausse des prix de l’énergie, des taux d’intérêt élevés et une faible demande. Indicateur avancé historique de la demande de fret aérien, le déclin du secteur manufacturier peut avoir un effet négatif sur le fret aérien, qui se rétablit progressivement depuis le troisième trimestre de 2023. Mesuré en tonnes-kilomètres (CTK), il était en décembre 2023 supérieur de 2,3% à son niveau prépandémique.

Le transport maritime est particulièrement affecté par le contexte économique. En plus de la diminution du transport lié à la faiblesse de la demande, le secteur est pénalisé par la normalisation des taux de fret, comme en attestent l’indice Harpex, une mesure des tarifs des conteneurs, qui a baissé de plus de 80% entre juin 2022 et décembre 2023. Le Baltic Dry Index (taux de vrac sec), plus volatile, remonte très graduellement depuis le second semestre 2023. L’atténuation des pressions sur les chaînes d’approvisionnement, qui se sont manifestées lors de la reprise post-crise de la COVID-19, a entraîné une diminution des taux de fret, qui a réduit la profitabilité des entreprises.

Les récents évènements dans la mer Rouge présentent un nouveau risque pour le secteur. De fait, les perturbations sur les voies de commerce maritime obligent les transporteurs à réorganiser leurs itinéraires, occasionnant des délais plus longs, et des possibles pertes commerciales. Malgré des augmentations de taux de fret qui ont plus que doublé en provenance de Shanghai, voire triplé sur certaines routes vers l'Europe, ils restent, en moyenne, encore en-deçà de leurs niveaux records de début 2022. Bien que le commerce mondial ne connaisse pas de bouleversements pour le moment, l’instabilité en mer Rouge pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement. En effet, le Canal de Suez est la voie maritime la plus rapide pour relier l’Europe (notamment Rotterdam ou Londres) à l’Asie. Environ 12% du commerce mondial et 30% du trafic mondial de containeurs y transite. L’augmentation des taux de fret est causée, d’une part par l’accroissement du coût des carburants, et, d’autre part, par une baisse des navires disponibles. La quantité de navires disponibles se réduit, car il est nécessaire d’utiliser davantage de navires pour maintenir le même calendrier de livraison face à un allongement du temps de parcours. Cette baisse des navires disponibles contribue à l’augmentation des tarifs et des coûts ; l’augmentation des taux de fret n’impacte pas positivement la profitabilité des entreprises de transport maritime.

A une échelle plus locale, le fret ferroviaire et le fret routier dans l’Union Européenne sont également impactés par la faiblesse de la demande, avec des taux de croissance en glissement annuel négatifs depuis fin 2022, tandis que la croissance reste positive pour le transport ferroviaire de passagers. Le fret routier mondial fait également face à une pénurie de main d’œuvre, qui devrait doubler dans les cinq prochaines années, selon l’Union internationale des transports routiers. Cette pénurie s’explique par plusieurs facteurs, parmi lesquels un manque d’attractivité de la profession, des coûts importants d’entrée sur le marché (permis de conduire, certifications), ainsi que des problèmes démographiques (population vieillissante de travailleurs). Cette pénurie pourrait avoir un impact négatif sur la rentabilité des entreprises de fret routier.

Les préoccupations environnementales bouleversent le secteur

Le changement climatique impacte directement et indirectement le secteur des transports, notamment le transport maritime. Depuis mi-2023, le canal de Panama, point de passage important reliant l’océan Pacifique à l’océan Atlantique (5% du commerce maritime mondial) subit d’importantes sécheresses qui contraignent les autorités à réduire le nombre de navires autorisés à circuler en son sein (24 par jour en janvier 2024, contre 36 habituellement). A l’instar du canal de Suez, cette baisse de la circulation engendre des rallongements de temps de parcours et un risque d’augmentation des taux de fret (non observé début 2024). Au-delà des sécheresses, le changement climatique occasionne d’autres perturbations (inondations, tempêtes tropicales, etc.), qui risquent d’endommager les infrastructures maritimes.

Plusieurs mesures ont été prises afin de diminuer l’impact du secteur des transports sur l’environnement et la santé. Ces mesures peuvent avoir un impact sur l’ensemble des transports, car elles établissent de nouvelles normes plus contraignantes : réduction de la consommation de CO2, compensation de cette consommation, etc. Ces réglementations peuvent impliquer davantage de frais pour les transporteurs, qui seront contraints d’adapter leurs matériels de transport. Ce surcoût pourrait également être répercuter sur les consommateurs finaux. Cependant, de nouvelles normes peuvent encourager l’innovation et le progrès technique. C’est le cas des carburants durables d’aviation, qui permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 80% tout au long de leur cycle de vie, comparativement aux carburants tels que le kérosène. Cependant, ils ne représentent actuellement que 0,1% de la consommation de carburant du secteur.

Parmi les réglementations les plus importantes, on peut citer la résolution de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) visant à mettre en œuvre un mécanisme mondial de compensation des émissions de CO2 de l’aviation internationale baptisé « CORSIA » (régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale). La première phase du mécanisme (de 2021 à 2026) s’appuie sur le volontariat et compte 125 Etats membres en octobre 2023. Le mécanisme comporte plusieurs étapes, dont l’achat et l’annulation par les compagnies aériennes d’unités d’émission éligibles, correspondant à leurs obligations finales de compensation de CO2 pour la période de conformité. En juillet 2023, L’Organisation maritime internationale (OMI) a également adopté une stratégie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant des transports maritimes internationaux d’au moins 40% d’ici à 2030 (et une neutralité d’ici 2050). Des mesures pour atteindre cet objectif doivent être adoptées en automne 2025 : elles comprendront un élément technique (une norme sur les combustibles marine), et un élément économique (mécanisme de tarification).