Le secteur traverse une période difficile, aussi bien du côté de la demande que de l’offre
La production de bois est géographiquement concentrée. L’Union Européenne (13% de la production mondiale), principalement en Allemagne, en Suède, en Finlande et en France, les États-Unis (12%), l’Inde (9%), la Chine (8%), le Brésil (8%), la Russie (5%), le Canada (4%), l’Indonésie (3%), l’Ethiopie (3%) et la République Démocratique du Congo (2%) regroupent les deux tiers de la production mondiale de bois. Ce bois est notamment utilisé pour produire du bois d’œuvre (13% de la production de bois brut), de la pulpe (5%) et du bois-énergie (50%). Le bois d’œuvre est principalement utilisé dans le secteur de la construction et est en majorité produit et exporté par l’Union Européenne, les États-Unis (qui exportent principalement du bois d’œuvre feuillus, ils sont en revanche les premiers importateurs de bois d’œuvre résineux), la Russie et le Canada. Ces quatre pays comptent pour 72% de la production et 80% des exportations mondiales. La pulpe de bois est utilisée pour produire du papier, et est majoritairement exporté par les pays d’Amérique latine (le Brésil, le Chili et l’Uruguay représentent 38% des exportations mondiales), l’Amérique du Nord (23% des exportations) et, la Suède et la Norvège qui comptent pour 12% des exportations de pulpe. La Chine est le principal importateur, comptant, à elle seule, pour 39% des importations.
La production de bois et de produits à base de bois traverse une période difficile, elle a par exemple baissé de 10% en volume sur l’ensemble de l’année 2023 en Union Européenne. La situation n’est pas meilleure en Chine et au Canada, deux importants producteurs de bois. En Chine, le chiffre d’affaires du secteur a diminué de 15% en 2023. Au Canada, la production de bois d’œuvre a baissé de 6% en 2023.
La production mondiale a souffert d’une demande atone. Celle-ci, étroitement liée à celle des secteurs de la construction, notamment pour la charpente, et du papier, dérivé de la pulpe de bois, ont en effet connu des difficultés en 2023. Le secteur de la construction continue de pâtir de l’environnement de taux d’intérêts élevés, des pénuries de main d’œuvre et des coûts des intrants élevés. En outre, le marché de l’ameublement, autre moteur de la demande de bois, est également affecté par les difficultés de l’activité du marché immobilier dans les principaux pays développés. De son côté, le papier d’emballage a subi la diminution du commerce mondial en 2023. Cependant, les perspectives plus favorables pour l’activité commerciale en 2024 devraient stimuler la demande de pulpe de bois.
Les entreprises sont affectées par la baisse des prix du bois et les coûts de l’énergie élevés
Les prix à la production du bois et des produits à base de bois ont diminué sur l’ensemble de l’année 2023 (-10% aux États-Unis, -3% en Zone Euro, -18% en Russie et -12% au Brésil par exemple). Ceux du bois d’œuvre connaissent un déclin particulièrement rapide reflétant la moindre demande provenant du secteur de la construction. Par exemple, l’indice des prix à la production du bois d’œuvre a ainsi baissé de 25% en 2023 aux États-Unis. La baisse des prix bénéficie au secteur dans les pays qui importent plus de bois brut, en amont de la chaîne de production. Sont principalement concernés la Chine, l’Autriche, l’Inde, la Suède et l’Italie. Les pays exportateurs nets de bois brut sont, en revanche, pénalisés par la baisse des prix. On peut notamment citer la Russie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, la Tchéquie, l’Allemagne, les États-Unis et la Norvège.
Le bois-énergie représente près de 50% des usages du bois à l’échelle mondiale. Cependant, de fortes hétérogénéités existent, notamment entre pays développés et pays en développement. Ces derniers utilisent la majorité de leur production en bois-énergie. C’est le cas, par exemple, de l’Inde, de l’Éthiopie, du Nigéria ou de la RDC qui font partie des plus important producteurs de bois, mais utilisent plus de 80% de leur production de bois comme bois-énergie. Cette proportion est inférieure à 30% en Union Européenne, aux États-Unis, en Russie et au Canada. Avec la hausse des prix de l’énergie, le bois-énergie a gagné en compétitivité par rapport aux autres sources d’énergie, mais la substitution est limitée en raison de la nécessité de posséder des équipements adéquats (poêle à bois, centrale thermique à bois).
Sur le long-terme, le secteur connaîtra d’importants changements avec le réchauffement climatique
Le réchauffement climatique a d’importants effets sur les forêts. Tout d’abord, des températures plus élevées entraînent une augmentation de la fréquence et de l’ampleur des feux de forêts. Ensuite, un climat plus chaud peut favoriser l’apparition et la survie d’espèces invasives et de maladies. Enfin, l’élévation des températures pourrait se traduire par la croissance de forêts en des lieux jusqu’alors trop froids pour que celles-ci se développent. Les régions concernés sont principalement celles qui connaissent un climat froid et qui sont enneigées une grande partie l’année, telles que l’Alaska et le nord du Canada par exemple.
Le changement climatique a, en outre, des répercussions plus positives pour le secteur. Le bois, considéré comme un matériau qui pourrait répondre aux objectifs de développement durable, est de plus en plus utilisé dans la construction de charpentes, afin de remplacer l’acier. Par ailleurs, la combustion du bois-énergie peut générer peu d’émissions nettes en CO2 si les surfaces abattues sont replantées. En effet, le CO2 émis lors de la combustion du bois est alors capté par l’arbre lors de sa croissance.
Lutter contre la déforestation est primordial puisque les forêts sont un des principaux puits de carbone, et abritent une part très importante de la biodiversité. En outre, la destruction des forêts accroît le risque de zoonose (transmission de maladie de l’animal à l’être humain). Le secteur du bois contribue à la déforestation, même si c’est l’agroalimentaire qui en est le principal responsable. Si les tentatives visant à répondre à ce défi ont produit des résultats limités, un cap important semble avoir été franchi en 2021 lors de la COP26, les dirigeants de plus de 100 pays regroupant 85% des forêts s’engageant à stopper la déforestation d’ici 2030. A l’occasion de la COP28, la RDC, la République du Congo et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont annoncé des projets de protections des forêts totalisant un budget de USD 242 millions. De plus, en 2023, la Commission européenne a adopté un projet de loi visant à restreindre l’importation de produits qui participent à la destruction des forêts dans leurs pays d’origine. Cela pourrait alors avoir un impact sur l’approvisionnement et la quantité de bois vendue.