Un retour à la croissance en 2024
L'économie irlandaise a connu un ralentissement en 2023, avec une baisse prévue d'environ 1,5 %, mais elle reste supérieure d'environ 30 % à son niveau de 2019, portée par la présence toujours forte des entreprises multinationales. Si le ralentissement de l'activité et des investissements des multinationales est à l'origine de la baisse du PIB en 2023, c'est également un rééquilibrage de leur activité qui devrait être à l'origine d'une grande partie de la croissance en 2024, leur présence dans les secteurs des produits pharmaceutiques, des technologies de l'information et des équipements médicaux devant rester forte au cours de l'année à venir. La baisse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne améliorera également les investissements des multinationales en 2024.
Malgré le ralentissement du PIB en 2023, la consommation intérieure de l'Irlande s'est avérée robuste, soutenue par une population croissante et un marché du travail en pleine expansion, ce qui favorise la résilience économique. L'augmentation constante de la population irlandaise alimente la demande intérieure, tandis qu'un marché de l'emploi solide et des salaires réels en hausse donnent du pouvoir aux consommateurs. Malgré les difficultés potentielles, la solidité des facteurs démographiques et économiques de l'Irlande fait de la consommation intérieure un moteur de la croissance, éclipsant les préoccupations liées au chômage.
L'Irlande a connu une hausse substantielle de 25 % des défaillances d'entreprises en 2023, dépassant les niveaux d'avant la pandémie de 2019, les interventions du gouvernement ayant contribué à supprimer les défaillances entre 2020 et 2023. Les interventions du gouvernement ont contribué à réduire le nombre de défaillances entre 2020 et 2023. La hausse, bien que généralisée dans tous les secteurs, a particulièrement affecté l'industrie hôtelière. À l'approche de 2024, des appréhensions croissantes se font jour quant à la fin des mesures essentielles liées à la loi COVID. La fin de la loi COVID, qui a relevé le seuil à partir duquel les créanciers peuvent déposer une demande de liquidation, et la fin de l'entreposage des dettes, qui permet aux entreprises de bénéficier de périodes prolongées pour le remboursement de leurs dettes, sont sur le point de cesser. Cette cessation soulève des inquiétudes quant à la possibilité d'une forte augmentation continue des défaillances en 2024, ce qui pose des défis importants aux entreprises qui naviguent dans le paysage économique post-pandémique.
Des finances publiques stables et généreuses
L'année 2023 a été marquée par un nouveau solde public positif et une diminution de la dette publique, même si elle est moins importante que les années précédentes. La trajectoire économique semble prometteuse pour 2024, avec le maintien de conditions fiscales favorables. Cet excédent est soutenu par de solides recettes fiscales provenant des taxes sur le travail et de l'ajustement récent du taux de l'impôt sur les sociétés de 12,5 % à 15 %, conformément aux accords de l'OCDE, qui a été promulgué à partir de janvier 2024. Malgré l'engagement du gouvernement à augmenter considérablement les dépenses, la forte croissance des recettes fiscales permet à l'Irlande de maintenir sa santé financière. Le gouvernement continue de bénéficier d'une situation fiscale intérieure solide et peut promettre des mesures populaires (et économiquement importantes) tout en affichant un bon équilibre public.
La balance courante de l'Irlande reste volatile, largement influencée par les activités et les investissements des entreprises multinationales dans le pays. Les projections indiquent que la balance restera positive en 2023 et 2024, principalement grâce à une solide balance des biens. Toutefois, la balance des services tend à osciller autour de l'équilibre, car elle dépend fortement des importations de services de recherche et de développement, en particulier du transfert d'actifs de propriété intellectuelle des filiales étrangères vers leurs homologues irlandaises. Malgré une tendance globalement positive, le déficit structurel de la balance des revenus persiste en raison de l'important rapatriement de dividendes par les sociétés multinationales, qui représente environ 30 % du PIB. Si l'on exclut ces effets liés aux multinationales, l'Irlande a maintenu un excédent de la balance courante depuis 2015, atteignant environ 3 % du PIB en 2022.
2024 pourrait être une année électorale
Le paysage politique irlandais est relativement stable la plupart du temps, mais il est confronté à des défis tenaces, principalement liés à la pression publique intense sur le logement. Le nombre insuffisant de constructions et la hausse des prix de l'immobilier exacerbent la crise, malheureusement contrebalancée par le sentiment "pas dans mon jardin" des propriétaires actuels. La situation difficile du logement est liée à la question de l'immigration, car l'augmentation de l'immigration légale et des demandeurs d'asile pèse encore plus sur les ressources déjà limitées en matière de logement. Les répercussions de ce mélange explosif ont été évidentes lors des émeutes de novembre à Dublin. Ce qui a commencé comme un incident de poignardage dans le nord de Dublin a dégénéré en émeute, alimentée en partie par des éléments d'extrême droite.
Bien qu'elles ne doivent pas avoir lieu avant mars 2025, les prochaines élections générales irlandaises se profilent à l'horizon, avec la possibilité d'une élection anticipée en 2024. Le paysage politique est marqué par des changements importants. Le Sinn Féin, parti favorable à l'Irlande unie, a connu une hausse notable dans les sondages, atteignant environ 30 %, contre 25 % lors des dernières élections générales. Parallèlement, le gouvernement de coalition actuel, composé du Fianna Fáil, du Fine Gael et du Green Party, est crédité d'environ 40 % dans les sondages, ce qui le place en deçà de la majorité. Si la tendance se confirme, le Sinn Féin pourrait devenir le premier parti de la République d'Irlande et de l'Irlande du Nord, ce qui pourrait remettre en question la dynamique politique de l'île. En outre, les prochaines élections du Parlement européen sont prévues pour juin 2024.