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Burundi

Burundi

Population 12,2 millions
PIB par habitant 274 $US
D
Evaluation des risques pays
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Environnement des affaires
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Synthèse

principaux Indicateurs économiques

  2020 2021 2022 (e) 2023 (f)
Croissance PIB (%) 0,3 2,0 2,3 3,0
Inflation (moyenne annuelle, %) 7,3 8,3 18,5 13,5
Solde public / PIB (%)* -7,8 -5,0 -7,4 -6,2
Solde courant / PIB (%) -10,2 -13,4 -14,4 -14,0
Dette publique / PIB (%)** 66,0 66,6 66,9 67,7

(e) : Estimation (p) : Prévision *1er Juillet N-1/ 30 Juin N **Dons inclus

POINTS FORTS

  • Richesse du sous-sol (terres rares, nickel)
  • Potentiels gains de productivité agricole

POINTS FAIBLES

  • Institutions politiques fragiles dans un pays marqué par des conflits ethniques et les régimes militaires
  • Extrême pauvreté généralisée
  • Risque élevé sur la dette et les comptes extérieurs
  • Dépendance à l’aide internationale et fin récente de l’isolement diplomatique
  • Enclavement et manque d’infrastructures
  • Manque de diversification et agriculture de subsistance
  • Corruption et politique macroéconomique inefficace

Appréciation du risque

Un retard d’investissements pénalisant le développement

A l’instar du Rwanda voisin, le Burundi est l’un des pays les plus densément peuplés d’Afrique (440 habitants/km²). Ayant doublée depuis 20 ans, la population fait face au chômage des jeunes (13,3% en 2020), surtout en ville, et à une baisse du PIB nominal par tête depuis 2015 (237 USD en 2021, le plus bas au monde). Une faible productivité et une part importante dans l’économie caractérisent une agriculture de subsistance (environ un tiers du PIB et 80% des emplois). Les produits de base constituent l’essentiel des exportations : or (29% en 2020), café (19%) et thé (13%). Une diversification reposerait à court terme sur les métaux, sachant que la faiblesse des investissements ne permettra pas d’enrayer les phénomènes susnommés. Le pouvoir d’achat des Burundais devrait se stabiliser à moyen terme, après une dégradation due d’abord aux sanctions internationales (2015-2021) auxquelles se sont ajoutées la pandémie puis la guerre en Ukraine. Des risques pointent à l’horizon pour 2023, notamment une spirale inflationniste, une reprise locale de la COVID-19 et une faible demande mondiale pesant sur les cours des matières premières, affectant indirectement la confiance des investisseurs.
Les autorités comptent fortement sur un essor du secteur minier, notamment dans l’extraction du nickel et des terres rares, afin d’obtenir des redevances en devises étrangères. Un mémorandum d’entente à 15 milliards de dollars US a été signé en mars 2022 avec East African Region Project Group pour une exploitation de nickel sur 10 ans, le gouvernement espérant ainsi financer 40% de dépenses supplémentaires avec. Pour permettre le transport hors du pays, un accord a été conclu en janvier 2022 avec la Tanzanie, fenêtre maritime naturelle, pour une ligne ferroviaire de 282 km, abondé par un financement de la Banque Mondiale à hauteur de 120 millions en septembre 2022. Le développement général de la filière extractive demeure toutefois suspendu depuis 2021 à la publication d’un nouveau code minier (plus favorable à l’Etat), une première mouture ayant été rejetée en mars 2022. Le Plan national de développement 2018-2027 a peu avancé, en raison du manque de ressources financières jusqu’à présent. La production manufacturière devrait toutefois progresser à moyen terme, impulsée par une politique de substitution aux importations de ciments et fertilisants, ainsi que le crédit à la production agroalimentaire. Des barrages hydroélectriques et centrales solaires sont en cours de construction, et l’AfDB devrait soutenir le financement des réseaux de distribution afférant.

 

Une réouverture vitale pour financer les déséquilibres extérieurs

Le Burundi a été l’objet de sanctions financières internationales de 2015 à 2021, à la suite de la réélection controversée du président sortant à un troisième mandat, à l’encontre des accords de paix d’Arusha de 2001. La normalisation des relations avec l’extérieur s’est imposée, le financement du déficit courant se révélant difficile, malgré la compression des importations et le maintien de l’aide projet à but humanitaire. Le franc burundais s’est déprécié continument jusqu’en 2021 sur le marché parallèle, au point d’offrir une prime de 62,5% en juin 2022 par rapport au taux de change officiel. Les réserves de change équivalant à deux mois d’importations en 2021 ne pouvaient pas servir d’amortisseur. L’aide budgétaire en provenance de l’UE, des Etats Unis et de l’AfDB a repris en 2022, accompagnée d’un accroissement de l’aide-projet, refermant une parenthèse difficile concernant le financement des déficits budgétaires et courants. Les flux d’IDE restent extrêmement faibles (8 millions de dollars US), les investisseurs étant repoussés par l’incertitude réglementaire, la faiblesse des infrastructures et la fragilité politique. Structurellement négatif, le solde de la balance courante reflète l’absence d’industrie manufacturière et de ressource énergétique. L’excédent des revenus primaires provenant des remises d’expatriés ne suffit pas non plus à équilibrer le déficit courant.
Des consultations avec le FMI ont été conclues en juillet 2022. Cependant, aucun programme financé n’est envisagé en 2023. Depuis 2015, le déficit budgétaire augmente, essentiellement financé par des emprunts auprès du système bancaire local, ce qui réduit le financement disponible pour le secteur privé. La fiscalité s’est alourdie de 10 à 15% du PIB entre 2015 et 2021, compensant partiellement la réduction forte des aides au développement, et devrait continuer à augmenter. Le stock de dette accumulée et des déficits toujours prévus comme considérables posent un risque fort pour la soutenabilité de l’endettement, doublé d’un risque systémique sur le secteur bancaire local fortement exposé à la dette publique nationale. Sous pression d’un déficit élevé, cette dette se maintiendra à un niveau élevé en 2023, financée exclusivement par les marchés financiers domestiques. La structure de la dette se transforme suivant cette tendance : en 2021 20% de PIB en externe dont 12% en multilatéral, 48% en interne dont 15% de la banque centrale et 29% des banques commerciales.

 

Restaurer la confiance en interne et externe

Le président Evariste Ndayishimiye cherche à affirmer son autorité. Il a ainsi révoqué son premier ministre en septembre 2022, en agitant le spectre de la sédition dans un pays marqué par les coups d’Etat. Le parti au pouvoir continue de se comporter comme un parti unique, disposant d’un mouvement de jeunesse et des renseignements afin de mener des exactions contre les opposants. Le Burundi est toujours hanté par la guerre civile (1993-2005), marquée par un passage de pouvoir sanglant (300 000 morts estimés) de l’ethnie tutsie vers la majorité hutue. Une commission vérité et réconciliation installée en 2014 continue de travailler notamment sur les massacres intercommunautaires depuis l’indépendance en 1962, mais les universitaires dénoncent une instrumentalisation clivante à la suite d’un rapport sur les exactions du pouvoir tutsi en 1972 publié fin 2021. Privé d’espace civique, l’homme de la rue conserve une attitude méfiante et distante vis-à-vis des institutions, en témoigne la faible vaccination (autour de 1% fin juillet 2022), le manque d’équipement médical ne contribuant pas à l’efficacité de la campagne.
Pierre Nkurunziza ne se représentant pas en 2020 sous pression des sanctions, le nouveau président s’est attaché à reprendre langue avec l’extérieur. Il rompt avec son prédécesseur, notamment en entamant la vaccination contre le coronavirus-19, appuyé par une facilité de crédit rapide de 76 millions de dollars US décaissée par le FMI en octobre 2021 afin d’atténuer les effets de l’inflation. Si l’UE et les Etats-Unis ont levé leurs sanctions financières début 2022 en réponse aux gestes de bonne volonté de Gitega, leur vigilance reste de mise face à des violations flagrantes et récurrentes des droits de l’homme. Par ailleurs, l’exécutif renoue le contact avec le Rwanda voisin, avec lequel les relations s’étaient envenimées à partir de 2015, sur fond d’ingérence de Kigali (soutien au coup d’Etat avorté, attaque frontalière en 2019). La frontière entre les deux pays rouvre en novembre 2022. Aussi, les forces armées burundaises participent à une « force régionale » déployée par la Communauté d’Afrique de l’Est en septembre 2022 dans l’est de la RDC. La Chine occupe une place importante comme partenaire, étant principale fournisseuse, en électronique et machinerie particulièrement.

 

Dernière mise à jour : Février 2023

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