Une croissance soutenue par les projets d’investissement dans le secteur pétrolier
En 2021, la croissance de l’activité économique est revenue à un niveau proche de celui d’avant la crise déclenchée par la pandémie de la COVID-19. En 2022, la poursuite des grands projets d’infrastructures et l’exploitation de nouveaux champs pétroliers destinés à l’exportation devraient soutenir l’accélération du rythme de croissance. L’investissement sera particulièrement soutenu par la construction de l’oléoduc Niger-Bénin, de près de 2 000 km, par la China National Petroleum Company. Retardé par la pandémie, ce projet de 7 milliards USD a été relancé en mai 2021 et pourrait augmenter significativement la capacité d’exportation du pays d’ici 2023.
De plus, l’investissement dans le projet de corridor économique Lomé-Ouagadougou-Niamey, qui pourrait permettre d’améliorer la connectivité régionale, et dans le barrage hydroélectrique de Kandadji seront aussi porteurs. Les secteurs de la construction et des services devraient bénéficier de ces investissements massifs. Aussi, la bonne tenue de la production aurifère et pétrolière avec des cours des matières premières élevés devrait soutenir la reprise des exportations. Toutefois, la production uranifère chutera suite à la fermeture de la mine d’Akouta (en mars 2021), limitant la contribution du commerce extérieur à la croissance. L’agriculture (42 % du PIB), dont dépend 80 % de la population, bénéficiera de la réouverture des frontières avec le Nigeria. En outre, le dynamisme de la production agricole sera soutenu par l'initiative 3N (« les Nigériens Nourrissent les Nigériens »). Les perspectives favorables de ce secteur soutiendront la consommation des ménages. Cependant, cette reprise, au même titre que celle de l’investissement privé, pourrait être entravée par les conditions climatiques (inondation, sécheresse, invasion de criquets) et la persistance des menaces sécuritaire.
Consolidation budgétaire et creusement du déficit courant
Le déficit budgétaire devrait continuer à décroître, principalement en raison de l’augmentation des recettes. Les droits de douane et l’amélioration de la mobilisation des revenus fiscaux (après une détérioration liée à la pandémie) y contribueront. Du côté de la dépense, le gouvernement mettra l’accent sur la réduction de la masse salariale, qui absorbe près du tiers des recettes fiscales. Les dépenses d’investissement en capital, financées sur des ressources extérieures, augmenteront. Les tensions budgétaires persisteront avec l’instabilité sécuritaire du pays, puisque le pays consacrait, en 2021, près de 10 % de son budget aux dépenses militaires et de sécurité. Le financement s’appuiera essentiellement sur les ressources extérieures concessionnelles. La dette publique extérieure (près de 70 % de la dette publique) est déjà largement détenue par des créanciers multilatéraux, réduisant le risque de surendettement. Le pays continuera de bénéficier du programme triennal de FEC d'un montant de 278,5 millions USD, approuvé en décembre 2021 par le FMI , après celui de 167,9 millions USD de 2017 à 2020.
En 2022, le déficit courant devrait se creuser. L’accroissement des recettes d’exportations sera progressif et ne pourra pas compenser la hausse de la facture d’importations. Le solde commercial restera donc largement déficitaire, principalement à cause des importations de biens d’équipements nécessaires aux projets d’infrastructures. Le déficit du compte des revenus primaires se creusera sous l’effet des rapatriements des dividendes des non-résidents, alors que celui des transferts courants conservera son excédent, lié à la coopération internationale courante et aux envois de fonds des expatriés. Outre les aides multilatérales, le déficit sera également financé par un rebond des IDE (principalement de la Chine et de la France), qui devraient doubler entre 2021 et 2022 grâce au déploiement des infrastructures publiques attirant les investissements privés.
Nouveau président, mais défis sociopolitiques et sécuritaires persistants
L’ancien ministre Mohamed Bazoum, issu du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), a été assermenté président, en avril 2021, après avoir survécu à une tentative de coup d'État par des dissidents de l’armée. De plus, le résultat de l’élection, tenue en février, a été contesté par le candidat de l’opposition Mahamane Ousmane (président renversé en 1986 par un coup d’Etat), entretenant la colère de l’opposition après des années de résultats litigieux sous le PNDS. La stabilité sociale et politique restera d’autant plus fragile dans un pays où la prévalence de la pauvreté reste forte, et les famines, régulières.
De plus, le risque politique associé aux attaques terroristes reste élevé. La région de Tilllabéri, dite des « trois frontières » (avec le Bénin, le Burkina Faso et le Mali) est régulièrement frappée par les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida ou à l’Etat islamique, faisant au moins 69 morts lors de l’attaque du 2 novembre 2021 à Banibangou. La lutte contre la menace terroriste dans le Sahel reste au cœur de la coopération internationale du pays, notamment au sein du G5 Sahel.