

Kazakhstan
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -2,6 | 3,3 | 2,6 | 3,9 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 6,8 | 8,9 | 15,0 | 10,4 |
Solde public / PIB (%)* | -7,0 | -5,0 | -2,1 | -1,9 |
Solde courant / PIB (%) | -3,7 | -2,0 | 2,8 | 1,5 |
Dette publique / PIB (%) | 26,4 | 25,1 | 24,2 | 25,4 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *Incluant les transferts du fonds souverain NFRK
POINTS FORTS
- Important potentiel pétrolier, gazier et minier
- L’État jouit d’une position de créancier net et dispose d’un fonds souverain bien doté grâce à la production d’hydrocarbures
- IDE abondant
- Taux de change flottant
- Membre de l’Union économique eurasienne (UEE) et de l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI)
- Stratégiquement situé entre l’Europe, la Russie et la Chine
POINTS FAIBLES
- Fortement dépendant de la Russie (principale partenaire en matière de diplomatie et de sécurité) et de la Chine
- Fortement dépendant des produits de base (pétrole, gaz, uranium, fer, acier, cuivre) : économie peu diversifiée
- Infrastructures routières, portuaires (mer Caspienne et électriques inadéquates
- Structures de marché faiblement concurrentielles (forte concentration dans les secteurs clés et présence importante de l’Etat)
- Système bancaire encore fragile et dollarisation importante (37% des dépôts et 13% des prêts en 2020)
- Faiblesse de la gouvernance (corruption, politisation du système judiciaire, déficiences dans les procédures collectives, concentration du pouvoir économique au sein de l’élite)
- Enclavé ; faible densité de population; éloignement relatif des grands marchés mondiaux; obstacles non tarifaires importants malgré l’adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
Appréciation du risque
Risque de récession économique
En 2022, les retombées de la guerre en Ukraine, dont les sanctions internationales contre la Russie, affecteront la croissance kazakhe. En effet, en raison de l’intégration étroite du Kazakhstan à l’économie russe et de la récession prévue de cette dernière, la croissance du PIB va nettement ralentir, avec un risque de récession. La Russie représente 10 % des exportations du Kazakhstan et plus d'un tiers de ses importations (3 et 7,5 % du PIB). La grave récession en Russie nuira à la demande de biens et de services kazakhs, tandis que la pénurie d’intrants occidentaux nuira à l’offre russe. Le pays cherche à réorienter une partie de ses échanges commerciaux, d'une part, en stimulant ses exportations et importations vers/de la Chine (respectivement 18% et 25% du total en 2020) et, d'autre part, en substituant, au moins partiellement, la route de transport international transcaspienne (TITR), qui relie le Kazakhstan à la Méditerranée via l'Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, à celle, traditionnelle, via la Russie. Cependant, l'utilisation de cette route commerciale à son plein potentiel sera plus coûteuse et ne peut être accélérée. En outre, un ralentissement de la croissance dans la zone euro et en Chine, fera baisser la demande de ses autres principaux partenaires commerciaux. Néanmoins, la compression des importations, ainsi que les prix élevés des matières premières exportées, devraient empêcher la balance commerciale de devenir déficitaire, et d’apporter un certain soutien à l’économie. La pandémie de Covid-19 et l’aggravation des tensions sociales en début d’année font peser une incertitude importante sur les perspectives économiques du pays. La croissance est négativement impactée par la baisse de la demande intérieure. En effet, le haut niveau d’inflation provoqué par la hausse des prix internationaux des produits de base, entraine une baisse de la consommation privée (62% du PIB). De surcroît, le climat incertain actuel provoque un déclin des investissements étrangers (3,3% du PIB). À la suite de l’invasion russe, qui a entraîné une dépréciation du tenge, à l’instar du rouble, le taux directeur a été relevé à plusieurs reprises atteignant 14% en juin 2022. Ce durcissement de la politique monétaire va se répercuter sur le crédit domestique (-6,6% en 2022) et par conséquent sur la consommation et l’investissement. La Banque nationale du Kazakhstan (NBK) vise une inflation de 4 à 6 %, mais son accélération la projette à 8,5%. La consolidation en cours du secteur bancaire peut être ralentie par les sanctions pesant sur les filiales locales de banques russes.
D’importantes réformes sociales en cours
L’agitation sociale, en janvier 2022, suite à une hausse du prix du gaz de pétrole liquéfié, a donné un nouvel élan aux réformes structurelles. Des mesures d’urgence et des réformes portant sur les inégalités de revenus, la corruption et la gouvernance du secteur public ont été annoncées. Les mesures phares sont l’annulation et le report d’un an de la libéralisation des prix du GPL, le contrôle des prix du GPL, de l’essence, du diesel et des produits alimentaires de base pendant 180 jours, ainsi que l’augmentation des droits d’accise sur les ventes en gros de carburant (sauf pour l’aviation) et de la taxe minière. D’autres mesures concernent la réduction de l’évasion fiscale, la privatisation des entreprises d’Etat ou encore la création d’un nouveau fonds pour soutenir les programmes sociaux financés par des contributions privées. Malgré ces dépenses sociales supplémentaires, une meilleure gestion des dépenses publiques les stabilisera par rapport à 2021. Les prix élevés de l’énergie permettront au gouvernement d’augmenter ses recettes. Ainsi, le déficit budgétaire devrait se réduire. Cependant, une résurgence des tensions sociales, notamment dues au niveau élevé d’inflation, pourrait entrainer des dérapages budgétaires et un ralentissement des réformes. La dette publique devrait augmenter d’environ deux points de pourcentage, mais la charge de la dette restera faible. Le compte courant devrait revenir en territoire positif grâce au surplus de la balance commerciale, et la dette externe restera stable (89% du PIB, dont 80% est privée). Le pays bénéficie d’importants fonds souverains : les actifs extérieurs combinés du fonds pétrolier national (NFRK) et de la NBK représentaient 46% du PIB à la fin de 2021 et les actifs étrangers nets souverains (SNFA) 36,6%.
De nouveaux partenariats stratégiques dans la région
En réponse aux protestations sociales de janvier, le président a limogé le gouvernement et rétabli le plafonnement des prix. Les violences se poursuivant, le président Tokayev, , a invité les troupes de maintien de la paix de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie. Une fois l'ordre rétabli, il a remplacé M.Nazarbayev, l’ex-président au pouvoir pendant 29 ans, à la tête du Conseil de sécurité du pays, et remplacé les cadres de ce dernier par ses propres fidèles. Il a annoncé une série de réformes politiques visant à limiter les pouvoirs présidentiels au profit du parlement dans le but d'améliorer le pluralisme. Étant donné les outils limités du gouvernement pour répondre à la hausse des prix et au déclin de l'activité économique, ces réformes sont un moyen de contenir le mécontentement. Elles pourraient rencontrer une certaine résistance de la part des élites, mettant davantage en danger le statut de M.Tokayev. Sur le plan international, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il sera difficile pour le pays de rester neutre. Début juin 2022, ce dernier a d’ailleurs ratifié le protocole de résiliation de l’accord entre les gouvernements de la Communauté des Etats indépendants (CEI) sur les principes convenus de la politique fiscale de 1992, marquant une prise de distance nette avec Moscou. La Chine et la Turquie tentent de se rapprocher davantage ; ils ont signé des accords de coopération militaire avec le Kazakhstan (dont la relocalisation de la production de drones d’attaque ANKA au Kazakhstan). Enfin, le Kazakhstan redoute probablement une intervention militaire de la Russie, étant donné la présence d’une forte minorité russophone vivant dans le pays.
Dernière mise à jour : Juillet 2022