

Sri Lanka
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
---|---|---|---|---|
Croissance PIB (%) | -3,6 | 3,3 | -8,0 | -3,5 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 4,6 | 6,0 | 45,0 | 19,0 |
Solde public / PIB (%) | -12,1 | -11,6 | - | - |
Solde courant / PIB (%) | -1,3 | -3,8 | -3,5 | -3,6 |
Dette publique / PIB (%) | 95,7 | 1,2 | 1,4 | - |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Production agricole diversifiée (thé, riz, noix de coco, caoutchouc)
- Situation stratégique au centre des routes commerciales entre l'Asie et le Moyen-Orient
- Intérêts indiens, chinois et japonais
- Succès en matière d'éducation, de santé et de réduction de la pauvreté
POINTS FAIBLES
- Production agricole vulnérable aux catastrophes climatiques et dépendance au tourisme.
- Faibles niveaux de dépenses publiques en capital à cause du fardeau du service de la dette.
- Dépendance à l'égard des financements extérieurs à court terme
- Manque d'infrastructures
- Tensions ethniques entre Cinghalais et Tamouls
Appréciation du risque
Les vagues de COVID-19 risquent de freiner la croissance
Une dégradation de la situation sanitaire au second semestre 2021, due à des retards dans la vaccination, a poussé le gouvernement à imposer des mesures strictes, à partir d’octobre. La campagne de vaccination a connu des retards à la suite de la suspension des livraisons venant d'Inde, le pays étant aux prises avec le variant Delta en mai 2021. Ce frein à l'économie pourrait persister au moins au premier semestre 2022. Bien que les trois principales composantes du PIB, à savoir l'agriculture, l'industrie et les services, aient enregistré une amélioration, l'économie n'a pas atteint les niveaux d'avant COVID-19 du fait de la faiblesse des niveaux de départ. Le secteur manufacturier (15,5 % du PIB) devrait continuer à s'améliorer et a été soutenu par la forte demande extérieure de ses principaux partenaires commerciaux (États-Unis et Europe), notamment pour le textile (50 % des exportations). Cependant, les chiffres du PMI ont démontré la vulnérabilité de l'industrie face aux perturbations au sein des usines dans le sillage de la propagation de la COVID-19 parmi leur personnel, entravant ainsi la production et l'emploi. Le chômage reste élevé et pèse sur la consommation des ménages (70 % du PIB). L'agriculture (8,3% du PIB) fut grandement impactée l'interdiction des engrais chimiques et des pesticides imposée en avril 2021. Bien qu'elle ait finalement été levée quelques mois plus tard, le secteur devrait faire face à des difficultés en 2022. Toujours dans une volonté de promouvoir l'agriculture biologique, le gouvernement ne réintroduira pas de subventions pour ces engrais. Le tourisme (11 % du PIB) ne devrait pas connaître de reprise à court terme à cause des restrictions aux frontières : les arrivées de touristes ont reculé de 61,7 % en 2021 par rapport à 2020. Pour soutenir la reprise, le gouvernement a prolongé le moratoire sur les dettes liées au coronavirus jusqu'à décembre 2021, notamment dans l'industrie du tourisme. Cependant, la banque centrale a envoyé des signaux de durcissement de sa politique monétaire en août 2021 et en janvier 2022. Sous l'effet des fortes pressions inflationnistes, elle a augmenté les taux de facilité de dépôt et de prêt à 5.5 % et 6.5 %, ce qui limitera les prêts.
Les finances publiques en difficulté
Avec un déficit important, les finances publiques du Sri Lanka devraient rester mauvaises et donc faire face à un durcissement des conditions de financement extérieur. La dette publique est très élevée et pèse sur le budget : au premier semestre 2021, plus de 70 % des revenus publics ont ainsi été consacrés au paiement des intérêts. La dépendance extérieure est forte : la moitié de la dette est libellée en devises étrangères et est donc exposée à un risque élevé de dépréciation. Les principaux créanciers sont la Chine (10 % de l'encours de la dette), la BAD (13 %), le Japon (10 %), la Banque mondiale (9 %) et les emprunts sur les marchés (47 %). Les réserves de change sont réduites (1 mois d'importations en octobre 2021) après le remboursement d'obligations souveraines internationales, ce qui a incité le gouvernement à contracter un prêt en devises auprès de la Chine, ainsi que des swaps de devises avec le Bangladesh et l'Inde en 2021. L'allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI (797 millions USD) soulage aussi temporairement l'épuisement des réserves de change. Celles-ci devraient rester très faibles car de nouveaux remboursements d'obligations sont prévus pour 2022. L'augmentation des envois de fonds des travailleurs (8,8 % du PIB) et des exportations, qui ont toutes deux atteint en 2021 les niveaux pré-COVID-19, devrait continuer à compenser les effets de la faiblesse des recettes liées au tourisme sur le compte courant. La balance commerciale devrait rester déficitaire, car les exportations n’ont pas connu une reprise aussi rapide que les importations, malgré les restrictions indéfinies sur les importations visant à atténuer la crise des devises.
Le clan Rajapaksa assoie son pouvoir
Gotabaya Rajapaksa, qui est populaire parce qu’il a mis fin à la guerre civile en 2009, gouverne depuis 2019. Son programme nationaliste et sécuritaire est symptomatique des tensions ethniques persistantes au Sri Lanka : il bénéficie du soutien de la majorité ethnique cinghalaise, mais a reçu peu de voix tamoules. Les élections législatives tenues en août 2020 se sont soldées par la victoire du Sri Lanka Podujana Peramuna (SLLP), le parti du président, qui a obtenu une majorité des deux tiers. La nomination au poste de Premier ministre de son frère et ancien président Mahinda Rajapaksa, qui avait adopté une ligne nationaliste, centraliste et autoritaire entre 2005 et 2015, a fait craindre un retour en arrière sur les avancées du gouvernement précédent en matière de corruption, de séparation des pouvoirs et de liberté de la presse. Le SLLP a adopté le 20e amendement en octobre 2020, qui étend l'immunité du président et lui permet de nommer n'importe quel membre du gouvernement sans l'approbation du Parlement : Rajapaksa a ainsi nommé son frère au poste de ministre des Finances, renforçant ainsi l'emprise familiale sur le pouvoir.
Sur le plan extérieur, le clan Rajapaksa semble faire l'objet d'une surveillance internationale. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a reçu le mandat de recueillir des preuves de crimes commis pendant la guerre civile au Sri Lanka, qui s’est soldée par la défaite des Tigres tamouls séparatistes et une vague de décès au sein de la population civile. Les relations avec la Chine pourraient se renforcer à nouveau dans les années à venir. La Chine contribue largement au développement du Sri Lanka, par exemple dans la loi sur la commission économique de la ville portuaire de Colombo. Cependant, la question de la dépendance financière se pose : les autorités n'ont pas remboursé et ont été contraintes de céder le port de Hambantota à la Chine pour 99 ans en 2017.
Dernière mise à jour : Février 2022