

Arménie
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | -7,4 | 5,7 | 7,2 | 3,9 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 1,2 | 6,8 | 8,8 | 6,7 |
Solde public / PIB (%) | -3,5 | -4,2 | -2,4 | -2,8 |
Solde courant / PIB (%) | -3,9 | -3,0 | -6,0 | -5,5 |
Dette publique / PIB (%) | 62,8 | 63,0 | 56,0 | 58,2 |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Ressources minières significatives (or, cuivre, molybdène, zinc)
- Confortables réserves de change et relative flexibilité du taux de change du dram
- Soutien financier important des organisations internationales, notamment du Fonds monétaire international (FMI)
- Membre de l’Union économique eurasiatique (UEEA) et accord de partenariat avec l’Union européenne (UE)
- Volonté réformatrice en termes de corruption, de justice et de concurrence
POINTS FAIBLES
- Dépendance aux minerais (50% des exportations et 10% du PIB), malgré l’effort de diversification en cours
- Forte dépendance à l’égard de la Russie en termes de sécurité, de commerce (premier partenaire), de transferts des expatriés (63% du total) et d’IDE (37% du total)
- Système bancaire encore fortement dollarisé (42% des dépôts et 48% des crédits)
- Environ 75% de la dette publique arménienne est libellée en devises étrangères, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations du taux de change.
- Niveaux de pauvreté (30% de la population) et de chômage (17%) élevés et persistants
- Enclavement géographique aggravé par un déficit d’infrastructures et la fermeture de deux frontières sur quatre.
- Conflit armé avec l’Azerbaïdjan autour de l’enclave du Haut-Karabakh pouvant donner lieu, même après le cessez-le-feu du 9 novembre 2020, à des affrontements ponctuels.
APPRECIATION DU RISQUE
La maitrise de l’inflation au cœur des préoccupations
Confrontée au double choc lié à la pandémie et au conflit armé en 2020, l’économie a vu la fin brutale de trois ans de croissance robuste. La reprise modérée de 2021 se poursuivra en 2022, malgré l’amoindrissement de l’effet de base positif. La consommation privée (80% du PIB) restera le principal moteur, grâce à la hausse du revenu des ménages et aux envois de fonds des expatriés venant de Russie. Ces derniers risquent de diminuer en raison d’une prévision à la baisse de la croissance russe. La plupart des commerces, industries et établissements d'enseignement, ont été autorisés à rouvrir. Cela favorisera la reprise, les services contribuant à 60 % du PIB. Toutefois, un faible taux de vaccination empêchera une expansion plus forte de l'économie. Au 9 janvier 2022, 25 % de la population avaient été entièrement vaccinés. Par ailleurs, la hausse mondiale des prix du pétrole aura un effet négatif sur sa position commerciale, l'Arménie étant un pays importateur de pétrole. Le rebond des importations (40% du PIB) de biens d’équipement et de pétrole pour répondre à la hausse de la demande intérieure, sera plus important que la hausse du niveau des exportations (30% du PIB, portées par la bonne tenue de l’or et des minerais de cuivre). L’investissement restera modéré (15% du PIB), les tensions avec l’Azerbaïdjan maintiendront la réticence les investisseurs étrangers.
L’inflation excède sa cible de 4%, en raison de l'impact de la dépréciation du dram en 2020 et de la hausse des prix des matières premières. En 2021, la Banque centrale d'Arménie (CBA) devrait avoir relevé son taux directeur d'un cumul de 230 points de base pour atteindre 7,75 %. Un nouveau resserrement pourrait intervenir en 2022, puisque les pressions inflationnistes externes subsisteront, mais moindres, à mesure que les chaînes globales d’approvisionnement s’ajustent. Le haut niveau de dollarisation implique que la CBA surveille de près l'impact des taux d'intérêt sur le taux de change qui s'appréciera encore.
Un encadrement du déficit pour stabiliser la dette
Le gouvernement poursuivra la mise en œuvre de sa stratégie (2022-26) qui vise à stimuler la croissance par des réformes structurelles (création d’une agence de lutte contre la corruption), la promotion des exportations agricoles et manufacturières, ainsi que l'augmentation des IDE. Le 30 septembre 2021, le gouvernement a présenté son projet de budget pour 2022. Les dépenses, en termes nominaux, devraient augmenter de 18% par rapport à 2021, majoritairement dirigées vers la sécurité sociale, le secteur de la défense et l’éducation. Les recettes nominales, augmenteront de 29%, grâce à l’introduction d’un système d’imposition progressif et la révision de l’imposition des intérêts perçus sur les dépôts bancaires et les obligations d’entreprises. En mai 2019, le FMI a approuvé un Accord de confirmation (facilité de prêt) d’une durée de trois ans pour l’Arménie, d’un montant initial de 180 millions de DTS, augmenté à 308,8 millions de DTS (USD 432 millions) en mai 2020. Il vise à soutenir le renforcement des fondamentaux économiques, des cadres politiques et des réformes structurelles. En contrepartie, l’Arménie s’engage à suivre une trajectoire budgétaire durable. Fin 2021, USD 72 millions ont été versés, portant le total des décaissements à USD 396 millions. La dette publique (75% externe, 25% domestique) est composée en majorité d’emprunts extérieurs, d’obligations libellées en devises étrangères et de bons du Trésor. Majoritairement libellée en devises étrangères et vulnérable aux variations du taux de change, elle devrait néanmoins rester sous contrôle, le gouvernement tient à respecter la règle budgétaire introduite en 2022. Néanmoins, le ratio dette sur PIB tendra à diminuer ; la croissance du PIB sera plus forte que celle de la dette.
Le déficit courant provient du déficit commercial (12% du PIB) et de celui de la balance des revenus primaires induit par le rapatriement des revenus des investisseurs étrangers. L’excédent du compte des revenus secondaires, grâce aux transferts des expatriés (8% du PIB), ne suffira pas à couvrir le solde négatif. Le déficit courant devrait alors se creuser légèrement, suivant la hausse des prix mondiaux du pétrole. Son financement est issu d’emprunts extérieurs et d’entrées de devises non comptabilisées.
Le conflit avec l’Azerbaïdjan pèse sur la scène politique
Le 27 septembre 2020 a marqué la résurgence du conflit armé opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis 30 ans autour du Haut-Karabakh. Cet affrontement a été le plus meurtrier depuis la guerre de 1994, ayant conduit à la proclamation de l’indépendance de cette enclave qui, reconnue internationalement comme territoire azerbaïdjanais, était, à la fin de de la guerre, peuplée d’Arméniens et sous contrôle de forces soutenues par l’Arménie. Après plusieurs tentatives infructueuses, un cessez-le-feu a été signé le 9 novembre 2020 sous l’égide de la Russie, entraînant la fin des hostilités et redonnant à l’Azerbaïdjan le contrôle de la majorité des territoires adjacents au Haut-Karabakh et une fraction de ce dernier. Les tensions ont néanmoins été ravivées depuis mai 2021, par les allégations arméniennes selon lesquelles l'armée azerbaïdjanaise franchirait la frontière, en violation de cet accord. Des affrontements, faisant des victimes dans les deux camps, ont été signalés de nouveau début janvier 2022. Sur le plan domestique, le cessez-le-feu a donné lieu à des manifestations organisées par l’opposition réclamant la démission du premier ministre Nikol Pashinian, au pouvoir depuis la révolution de Velours de 2018. Après avoir démissionné en avril 2021, il a déclenché des élections législatives anticipées le 20 juin. Lui et son parti « Contrat civil », bénéficiant du soutien de son ancienne coalition l’Alliance « Mon pas », ont confortablement remporté l’élection (54% des sièges contre 66% en 2018). L’opposition regroupée dans « L’Alliance arménienne », sous la houlette de l’ancien président Robert Kotcharian, maintiendra la pression en alléguant de la faiblesse au gouvernement dans les négociations.
Dernière mise à jour : Février 2022