Lesotho

Afrique

PIB / Habitant ($)
1 034,3 $
Population (en 2021)
2,0 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
B
Précédemment
C
Précédemment
B

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources minérales (diamants), et hydroélectriques
  • Réservoir d’eau et de main-d’œuvre pour l’Afrique du Sud
  • Ancrage au rand sud-africain, facilitant les échanges transfrontaliers et la maîtrise de l'inflation grâce à la crédibilité de la Banque centrale sud-africaine
  • Adhésion à l'Union douanière d'Afrique australe (SACU), à la Zone monétaire commune (CMA) et à la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC)
  • Potentiel touristique

Points faibles

  • Territoire enclavé, dépendance socio-économique à l’Afrique du Sud 
  • Vulnérabilité des recettes de l'Union douanière d'Afrique australe (SACU) aux cycles économiques des pays membres
  • Vulnérabilité aux aléas climatiques (sécheresses et inondations)
  • Insuffisances des infrastructures, notamment pour les transports et l'énergie
  • Taux de chômage élevé (21% en 2024), pauvreté répandue (37%), forte insécurité alimentaire et vulnérabilité sanitaire (VIH-SIDA)
  • Implication violente des forces de sécurité en politique, recours à la corruption et au clientélisme, changements fréquents au sein du gouvernement et faible taux de participation électoral (38% pour les dernières élections)
  • Offre de crédit restreinte à cause d’exigences de garanties strictes et de pratiques bancaires prudentes

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
40%
Afrique du Sud
40%
États-Unis d'Amérique
18%
Swaziland, Kingdom of
1%
Canada
1%

Import des biens en % du total

Afrique du Sud 83 %
83%
Chine 8 %
8%
Taïwan (République de Chine) 3 %
3%
Japon 1 %
1%
Zambie 1 %
1%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Une croissance ralentie et atone sous l’effet de la guerre commerciale

Les perspectives de croissance pour l’année fiscale 2025 ont dû être revues à la baisse en raison de l’évolution de l’économie mondiale et de la guerre commerciale. Le secteur de la construction conserve son élan, avec une progression projetée de 30,4 %, selon le budget 25/26, et reste le moteur majeur de l’économie. Il bénéficie notamment de la poursuite de la deuxième phase du projet Lesotho Highlands Water (LHWP-II), qui inclut l’extension du réseau d’approvisionnement en eau destinée à l’Afrique du Sud, planifiée pour 2029, et un dispositif ultérieur de production hydroélectrique. La finalisation des travaux de maintenance du tunnel du LHWP-I, qui se sont étendus d’octobre 2024 à fin mai 2025, confirme le retour à la normale du flux d’eau vers l’Afrique du Sud, ce qui dynamisera les redevances et, donc, la dépense publique (50 % du PIB), ainsi que de la production hydroélectrique. Cependant, le pays ne bénéficiera plus de l’élan du projet Health and Horticulture Compact (Compact II), conduit en collaboration avec l’agence américaine Millennium Challenge Corporation (MCC). Ce projet, qui prévoyait des travaux d’infrastructure dans les domaines de l’irrigation et de la santé, avait été lancé en mars 2024 avec un investissement de 300 millions USD sur cinq ans. Il a été abrogé début mai 2025, tout comme, en janvier, les programmes d’USAID qui constituaient un appui majeur à la lutte contre le VIH.

Les exportations (45% du PIB en 2024) continuent de souffrir. Le secteur minier, affecté par la faiblesse persistante des cours mondiaux du diamant (22% des exportations), peine à retrouver du dynamisme. De son côté, l’industrie textile (40%) fait face à une concurrence exacerbée sur le marché américain (les exportations de textile aux Etats-Unis représentent environ 10% du PIB), notamment par les producteurs asiatiques, éthiopiens et kényans, et un ralentissement de la demande sud-africaine. Une remise en place du droit de douane réciproque américain de 50 au 1er aout 2025 aggraverait les difficultés rencontrées par cette industrie. En revanche, le secteur agricole (18 % du PIB et 80% de l’emploi) devrait enregistrer une reprise encourageante cette année. Après les épisodes de sécheresse de 2024, l’amélioration des précipitations début 2025 a favorisé les récoltes céréalières entamées en mai. Toutefois, le développement du secteur sera freiné par l’annulation du Compact II, qui visait à dynamiser la production de cultures à forte valeur ajoutée.

L’inflation devrait continuer à se modérer, portée par une diminution des prix alimentaires et du carburant. Les prix des principales céréales de base étaient encore élevés en première partie d’année, à cause du prix élevé du maïs blanc sud-africain. Mais la reprise de la production agricole domestique contribuera à la baisse des prix des denrées alimentaires sur la seconde partie de l’année. Les coûts des matériaux de construction et de la main d’œuvre resteront élevés, en lien avec la vitalité de la demande pour le secteur de la construction. Compte tenu de la diminution des pressions inflationnistes et de la réduction du taux directeur sud-africain fin mai, la banque centrale a pu abaisser son taux principal de 25 points de base début juin 2025, le ramenant à 7 %, ce qui devrait soutenir l’investissement privé.

Les comptes jumeaux deviennent déficitaires

Le pays a enregistré un excédent budgétaire pour l’exercice 2024-2025, soutenu par la hausse des redevances sur l’eau versées par la Lesotho Highlands Development Authority (LHDA), malgré la période de maintenance, et des transferts exceptionnels en provenance de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU). Toutefois, ces transferts sont appelés à diminuer sensiblement dès l’exercice en cours, bien qu’ils restent une source majeure de revenus (30 % des recettes totales). Ce manque à gagner sera partiellement comblé par l’augmentation des redevances sur l’eau, qui doivent atteindre environ 11 % du PIB (contre 7 % en 2024-2025 et 5 % en 2023-2024) selon le budget 2025-2026. Par ailleurs, le gouvernement cherche à réduire sa dépendance à l’aide au développement, après le retrait inattendu de l’aide américaine, en accroissant de 13 % les recettes fiscales. Pour y parvenir, il prévoit d’élargir l’assiette, d’augmenter les taxes sur l’alcool et le tabac ainsi que la TVA, et de renforcer la numérisation du système fiscal. Tout en rehaussant le seuil minimum de l’impôt sur le revenu et le seuil d’assujettissement à la TVA afin de soutenir les ménages à faible revenu et les petites entreprises. Une hausse de 10 % des dépenses totales est également programmée. Le budget reste néanmoins alourdi par la masse salariale du secteur public (18 % du PIB), malgré les réformes en cours. L’investissement public sera renforcé, pour atteindre 24 % du PIB (contre 15 % auparavant), traduisant un engagement en faveur du développement des infrastructures essentielles, notamment dans les domaines de l’énergie, de l’eau et de la connectivité numérique. Toutefois, cette dynamique est à nuancer au regard des difficultés passées en matière d’exécution budgétaire. En outre, le gouvernement devra compenser l’annulation du projet Compact II, survenu après la préparation du budget 2025-2026, ainsi que le démantèlement de l’USAID. Le financement du déficit public reposera principalement sur l’endettement domestique ou des retraits sur les sommes déposées auprès de la Banque centrale.

Le poids de la dette publique dans le PIB devrait demeurer stable, avec un risque jugé modéré par le FMI et la Banque mondiale. Néanmoins, près de 26% de l’endettement extérieur (83 % de la dette totale) ressort de conditions commerciales. Malgré les excédents budgétaires enregistrés sur les deux derniers exercices, les autorités ont poursuivi l’émission de titres de créance nationaux, afin de consolider le marché obligataire domestique. Elles prévoient ainsi d’émettre 600 millions de maloti (environ 33 millions USD) en bons du Trésor pour le financement des projets d’infrastructure de l’exercice 2025-2026, contre 500 millions lors de l’exercice précédent.

Le solde courant devrait rebasculer en déficit en 2025, reflet d’une demande mondiale atone affectant les recettes d’exportation de diamant brut et de textile, ainsi que d’une hausse des importations de biens d’équipement et de services liés à LHWP II. Ces éléments excéderont la hausse des recettes d'exportation des ventes d'eau à l'Afrique du Sud et le fléchissement des prix des matières premières. Par ailleurs, l’arrêt de facto de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), qui garantissait au pays un accès sans droit de douane au marché américain, représente un choc majeur pour près de 18 % des exportations totales et 43% des exportations de textiles. Les transferts d’argent des travailleurs expatriés dépendront des performances de l'économie régionale, en particulier sud-africaine. Néanmoins, ils continueront de contribuer positivement (23% du PIB). D'importantes entrées de capitaux continueront d'être observées, destinés au financement de la construction du LHWP II. Les excédents budgétaires des exercices précédents ont alimenté les réserves de change, qui atteignaient 5,8 mois d’importations fin décembre dernier.

Un régime plus stable mais des réformes toujours en suspens

En 2022, le roi Letsie III a dissous le Parlement après l’échec de l’adoption d’un nouveau Code électoral visant à limiter l’instabilité politique. Les élections législatives du 7 octobre 2022 ont été remportées par le nouveau parti Révolution pour la prospérité (RFP), créé six mois auparavant, avec 56 sièges sur 120, manquant de peu la majorité absolue de 61 sièges. Pour accéder au poste de Premier ministre, son leader, Sam Matekane, a dû conclure une coalition avec le Mouvement pour le changement économique (MEC) et l’Alliance des démocrates (AD), portant ainsi sa majorité à 65 sièges. À la différence des précédents gouvernements, souvent fragiles, Matekane bénéficie de la révision de la loi électorale de 2023, qui stipule qu'une motion de censure contre le Premier ministre ne peut être déposée qu'une seule fois au cours du mandat quinquennal du Parlement. Or, M. Matekane a survécu à une motion de censure fin 2023. Toutefois, le pays peine toujours à faire avancer les amendements constitutionnels recommandés par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), suite à la tentative de coup d’Etat et à l’intervention militaire sud-africaine de 2014. Ils sont destinés à renforcer la stabilité parlementaire, à améliorer le contrôle sur le gouvernement et à réduire l’influence des forces de sécurité dans les affaires politiques. Ces réformes se heurtent à la fragilité des coalitions, la nécessité d’obtenir deux tiers des votes pour certains des amendements, et un manque de volonté politique. A cela s’ajoutent un recours régulier à la violence et de mauvaises performances économiques qui poussent certains à souhaiter une fusion avec l’Afrique du Sud ou encore un retour du roi aux affaires. En parallèle, le retrait soudain du financement du MCC risque d’accentuer le chômage déjà élevé et l’insécurité alimentaire, aggravant ainsi les tensions sociales.

Dans l’optique d’obtenir la levée des barrières tarifaires américaines, le pays entend renforcer ses liens avec les États-Unis. En avril 2025, le ministre du commerce a annoncé l’envoi d’une délégation à Washington afin de négocier un allègement tarifaire et le rétablissement de l’aide au développement. Début avril, le gouvernement a accordé une licence d’exploitation à Starlink, filiale de SpaceX, inscrivant cette décision dans une stratégie plus large visant à «?éliminer activement les obstacles à l’investissement américain?», notamment dans les secteurs de l’énergie et du tourisme. Le pays maintiendra ses relations étroites avec les membres de la SADC, en particulier l’Afrique du Sud, qui reste sa principale source d’importations, de recettes d’exportation et d’envois de fonds des travailleurs expatriés. Néanmoins, la lenteur des avancées sur les réformes constitutionnelles et sécuritaires pourrait fragiliser les relations du pays avec ses partenaires internationaux de développement.

Dernière mise à jour : juin 2025

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