

Guyana
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (f) | |
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Croissance PIB (%) | 43,5 | 23,9 | 57,8 | 25,2 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 0,7 | 3,3 | 7,6 | 7,6 |
Solde public / PIB (%) | -7,9 | -7,2 | -0,7 | -0,5 |
Solde courant / PIB (%) | -14,5 | -25,5 | 43,8 | 30,8 |
Dette publique / PIB (%) | 51,1 | 42,9 | 22,8 | 20,9 |
(e) : Estimation (p) : Prévision
POINTS FORTS
- Des perspectives attrayantes pour les investisseurs dans le secteur minier, l'énergie hydroélectrique et l'agriculture
- D'abondantes réserves de pétrole et de gaz en mer, en cours d'exploitation depuis 2020
- Membre de la Communauté et du marché commun des Caraïbes (CARICOM)
POINTS FAIBLES
- Dépendance à l'égard des ressources naturelles (or, bauxite, sucre, riz, bois et, surtout, pétrole depuis 2020)
- Insuffisance des infrastructures de transport, d'électricité, d'éducation et de santé
- Main-d'œuvre locale peu qualifiée et émigration massive de travailleurs qualifiés
- Sensibilité aux événements climatiques (région gravement touchée par les ouragans)
- Dépendance à l'égard des créanciers internationaux
- Taux de criminalité élevé lié au trafic de drogue, dans un contexte de pauvreté et de corruption (classé 83/180 par l'indice de perception de la corruption de Transparency International en 2020).
Appréciation du risque
L’essor du secteur pétrolier, moteur d'une croissance toujours très élevée
En 2023, l'activité continuera d'afficher de brillantes performances, avec une croissance nettement supérieure à celle des pays voisins, grâce à la production haussière du secteur pétrolier. En effet, les importantes découvertes de ressources pétrolières dans le bloc Stabroek (exploité par le consortium regroupant ExxonMobil, Hess et CNOOC) ont permis au pays de devenir la 3ème plus grande réserve de pétrole commercialement récupérable d’Amérique latine et des Caraïbes. Avec l’exploitation déjà commencée (Liza-2 en février 2022) ou à venir (Payara en 2023) de ces réserves, le nombre de barils produits par jour a augmenté de 200% en 2022 et devrait poursuivre sa très forte hausse en 2023 ainsi qu’à moyen terme. L’économie continuera également de bénéficier du cours élevé du pétrole. De surcroît, le PIB non pétrolier, qui s’était contracté de plus de 7% en 2020 du fait de la crise de la Covid-19, a connu une solide reprise, qui s’est poursuivie en 2022 et devrait s’inscrire autour de 5% en 2023. La hausse du PIB non pétrolier est portée par le dynamisme du secteur minier, de la construction et des services, notamment grâce aux retombées positives du secteur pétrolier et des besoins d’investissement en infrastructures engendrés. L’inflation demeurera à un niveau plutôt élevé, en raison des prix internationaux élevés des matières premières (denrées alimentaires et carburants, notamment) et aux dépenses sociales et d’investissements publics croissantes permises par les recettes fiscales pétrolières abondantes. Cependant, son impact sur la demande intérieure ainsi que le risque d’effets de second rang resteront limités, car les autorités ont déjà adopté des mesures visant à alléger ses retombées sur le pouvoir d’achat des ménages. Les risques à la baisse sont la volatilité des cours mondiaux du pétrole et l’éventualité d’un ralentissement de la demande mondiale. A l’inverse, une hausse des cours du pétrole et de nouvelles découvertes pétrolières pourraient améliorer encore les perspectives pour 2023 et 2024.
Des comptes extérieurs et publics affermis par la manne pétrolière
Le compte courant enregistrera à nouveau un très fort excédent, principalement grâce à la balance commerciale positive, car les prix élevés et la forte hausse de la production pétrolière soutiendront les exportations. Elles dépasseront largement les importations d’équipements nécessités par l’exploitation pétrolière et minière ainsi que par les investissements publics. De surcroît, la balance commerciale continuera également à bénéficier d’importantes exportations agricoles (riz et sucre), le secteur ayant retrouvé son dynamisme à l’issue d’inondations importantes et les prix étant élevés du fait du contexte international. Cet excédent commercial compensera encore largement les déficits des services et des revenus liés à l’activité des sociétés pétrolières étrangères. Les réserves de change devraient augmenter, grâce à l’afflux toujours important d’IDE dans le secteur pétrolier et à la croissance des exportations pétrolières, pour atteindre 2,9 mois d’importations et 4,5 mois d’importations non-pétrolières.
Le déficit budgétaire restera très faible. Les mesures mises en œuvre pour atténuer l'impact de la hausse des prix des produits de base sur les ménages ainsi que les dépenses d'investissement supplémentaires pour soutenir l'économie pétrolière (pour répondre au manque d’infrastructures) et non pétrolière seront compensées par les recettes pétrolières, qui seront transférées au Fond pour les ressources naturelles, duquel le gouvernement retirera une part fixée en amont pour financer ses dépenses. La dette publique, dont le ratio est le plus faible de la région, continuera de se réduire du fait de la hausse du PIB.
Un gouvernement idéalement positionné pour user de la manne pétrolière à fin de transformation socio-économique du pays
Le président Irfaan Ali, du Parti progressiste populaire/civique (PPP) de centre gauche, a pris ses fonctions en août 2020, à l’issue d’une crise politique. Il a succédé à David Granger, qui était à la tête d'une coalition multiethnique, le People's National Congress ou PNC, dirigée par l'APNU et son jeune allié, l'AFC. Il existe des frictions historiques entre les deux principaux partis (le PPP et l'APNU). Alors que la communauté indo-guyanienne soutient largement le PPP, la population afro-guyanienne est favorable à l'APNU. Le parti de M. Ali dispose de 33 sièges au Parlement, ce qui lui confère la majorité à l'Assemblée nationale, qui compte 65 sièges (la coalition APNU+AFC ayant 31 sièges). Depuis sa prise de fonction, le gouvernement de M. Ali a assoupli ses critiques sur l'accord de partage de la production conclu en 2016 par l'APNU avec ExxonMobil (considéré comme outrageusement favorable à la société). En août 2022, le gouvernement a réaffirmé son engagement de respecter cet accord, tout en faisant en sorte que les futurs contrats avec d’autres compagnies pétrolières et gazières soient plus favorables au pays. En outre, le gouvernement en place vise également à améliorer un réseau électrique à la fois coûteux et inefficace, tout en réduisant sa dépendance envers le pétrole raffiné importé et en remédiant à des pannes fréquentes. Notamment, la construction d'une centrale électrique au gaz alimentée par un gazoduc de 220 kilomètres avec des champs offshore devrait commencer en 2023. De surcroît, la stratégie pour une énergie plus propre, annoncée en octobre 2021, prévoit la modernisation des lignes de transport et de distribution. En ce qui concerne le différend frontalier historique avec le Venezuela, au sujet de la région d’Essequibo, il est peu probable qu'il soit résolu à court terme. Enfin, le pays est encore en proie à une corruption importante, avec un indice de perception de la corruption de Transparency International qui le place au 87ème rang mondial en 2021, en baisse par rapport à 2020. Cependant, la participation du pays à l’EITI (Extractive Industries Transparency Initiative) devrait aider à la bonne gestion de la manne pétrolière.
Dernière mise à jour : Avril 2023