Tunisie

Afrique

PIB / Habitant ($)
3 967,5 $
Population (en 2021)
12,2 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
C
Précédemment
C
Précédemment
B

suggestions

Résumé

Points forts

  • Économie relativement diversifiée : agriculture, tourisme, industrie manufacturière, transports
  • Proximité du marché européen
  • Ressources naturelles (olives, phosphates et hydrocarbures) mais soumises à la météo et aux grèves
  • Compétitivité des équipements automobiles, aéronautiques, médicaux produits en zones franches

Points faibles

  • Exposition à la concurrence régionale et à la conjoncture européenne
  • Dépendance énergétique
  • Manque de productivité de l’agriculture
  • Concentration des pouvoirs à la présidence, faible adhésion populaire
  • Lenteurs administratives et judiciaires, informalité, corruption, contrôle des capitaux, du change et des importations
  • Manque d’investissement, activités à faible valeur ajoutée, modèle bon marché de l’offre touristique
  • Chômage des jeunes (~40% en 2023), disparités régionales, fuite des cerveaux et émigration clandestine, grèves

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
70%
Libye
4%
États-Unis d'Amérique
3%
Algérie
2%
Inde
2%

Import des biens en % du total

Europe 40 %
40%
Chine 12 %
12%
Russie (Fédération de) 10 %
10%
Algérie 7 %
7%
Turquie 4 %
4%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Croissance soutenue par le tourisme mais freinée par l’inflation et le chômage

Après une stagnation en 2023, l'économie a progressé de 1,4 % en 2024. Cette reprise a été particulièrement marquée en fin d'année, grâce au fort rebond du secteur agricole (+12 % au quatrième trimestre 2024), boosté par l’oléiculture, après une chute de 60 % en 2023 en raison d'une sévère sécheresse.

En 2025, la croissance devrait s'accélérer légèrement. Le secteur agricole (10% du PIB en 2024) progressera modestement, ses perspectives restantes incertaines en raison des précipitations irrégulières et du risque persistant de sécheresse, tempéré par la mise en service d’usines de dessalement. A l’inverse, les services (70 % du PIB) connaîtront une croissance plus rapide, tirés par le tourisme et ses activités connexes (hébergement, restauration, communication et transport). Le pays pourrait accueillir un nombre record de plus de 11 millions de touristes en 2025. Toutefois, le secteur reste vulnérable à une contraction des marchés européens et à la concurrence régionale. Ces mêmes facteurs affectent l’industrie manufacturière (16 % du PIB), notamment celle des pièces automobiles et aéronautiques, ou encore le textile et l’habillement, qui font face à une concurrence croissante de rivaux comme la Chine ou la Turquie. L’industrie alimentaire devrait encore bien performer, malgré une inquiétude concernant les exportations d’huile d’olive vers les Etats-Unis, dans le contexte de guerre tarifaire. Les industries extractives (hydrocarbures et phosphates) sont pénalisées par un contexte social tendu marqué par des grèves et des arrêts de production, ainsi que par l’épuisement des ressources dû au manque d’investissement.

L’inflation persistante, alimentée par le financement monétaire du déficit et la compression des importations due au manque de devises, ajoutée à la faiblesse du dinar, obligeront la banque centrale à maintenir une politique monétaire restrictive (taux directeur de 7,5% en mars 2025). Un léger repli de l’inflation est néanmoins attendu en 2025. Ce contexte continuera de peser sur la consommation privée - malgré la vigueur des remises d’expatriés - d'autant plus freinée par le chômage élevé et la hausse prévue des taux d'imposition sur le revenu des plus aisés. L'investissement privé national restera faible, affecté par l'instabilité politique et sociale, un accès limité au financement — l'État captant une part importante du crédit — et l'augmentation de l'impôt sur les sociétés. L’investissement public, quant à lui, sera contraint par une situation budgétaire critique, les recettes étant absorbées par le service de la dette et des subventions coûteuses. Les autorités chercheront à attirer des IDE grâce aux partenariats public-privé dans les secteurs des transports, de l’eau, de la gestion des déchets ou encore de l’énergie. En mars 2025, la Tunisie a franchi une étape importante dans sa transition énergétique avec la signature de quatre accords avec des entreprises étrangères pour des projets solaires photovoltaïques totalisant 500 mégawatts, pour un investissement total de 1,2 milliard de dinars tunisiens (près de 400 millions USD).

Des comptes publics et extérieurs précaires en l’absence du soutien du FMI

Le déficit public devrait encore légèrement se réduire en 2025. Le budget prévoit d’augmenter les recettes fiscales, notamment par une hausse des taux d’imposition sur le revenu et les sociétés. Ces mesures, qui devraient peser sur le pouvoir d’achat des ménages, ont suscité de vives critiques de la part de la société civile. Bien que le budget prévoie une rationalisation de dépenses avec le gel des salaires et une politique de recrutement restrictive dans la fonction publique, les dépenses publiques resteront lourdes. Il n’y a pas eu d’ajustement aux subventions coûteuses (à l’alimentation et à l’énergie). Reconnaissant la capacité limitée du gouvernement à obtenir des financements extérieurs en l’absence d’un programme du FMI, les autorités s’orienteront encore vers les banques locales, y compris la banque centrale (BCT). En effet, celle-ci est autorisée à accorder des facilités au profit du Trésor public à hauteur de 7 milliards de dinars (2,3 milliards USD), remboursable sur 15 ans, avec une période de grâce de 3 ans et sans intérêts. La dette publique (à 54% domestique en 2024 après 47% en 2023) pourrait dépasser 90 % du PIB en 2025 et le risque de défaut de paiement restera élevé, alors qu’en moyenne 3,3 milliards USD de remboursements annuels sont dus sur la dette à moyen et long terme en 2025-26.

En 2025, le déficit du compte courant se creusera en raison de l’aggravation du déficit commercial. Pourtant, dans un contexte de demande domestique morose et afin de réunir les devises nécessaires au service de la dette extérieure, les importations resteront contrôlées. En parallèle, les exportations de biens manqueront de vigueur. A l’inverse, l’excédent des services devrait s’améliorer, portée par la bonne performance attendue du tourisme. Autre source précieuse de devises étrangères, les envois de fonds des expatriés, qui ont atteint 1,07 milliard de dinars (+7,2% par rapport à 2023) en 2024, conserveront leur allure. Face à la faiblesse persistante des investissements étrangers et aux difficultés d’accès aux financements internationaux, le déficit courant sera périodiquement financé par les réserves de change, pourtant déjà faibles. En février, elles s’élevaient à 7,2 milliards USD, soit l’équivalent de 3,4 mois d’importations. Elles pourraient passer sous le seuil des trois mois de couverture au cours de l’année 2025.

Dérive autoritaire présidentielle et refus des réformes préconisées par le FMI

En 2022, une nouvelle constitution adoptée par référendum a instauré un régime présidentiel fort, affaiblissant le pouvoir législatif et instaurant un contrôle présidentiel sur le gouvernement, les forces de sécurité et la justice. Malgré la faible adhésion de la population, illustrée par sa faible participation aux scrutins (11% lors des élections législatives de fin 2023, 28,8% à la présidentielle), Kaïs Saïed a été réélu président, en octobre 2024, avec 90,7 % des voix, lors d'une élection marquée par la répression de l’opposition. L’autoritarisme présidentiel, la mise à l’écart des partis politiques et de la société civile, les renouvellements incessants au sein de l’administration, ainsi que le faible succès de la politique économique alimentent le mécontentement social. Récemment, le pays a connu une recrudescence des manifestations et des actions syndicales, mais cela ne semble pas remettre en cause l’exercice du pouvoir à court terme.

En 2023, Kaïs Saïed a rejeté le programme proposé par le FMI (1,9 milliard USD), qui incluait la réduction des subventions et la réforme des entreprises publiques, en raison du coût social qu’il a jugé trop élevé. Cependant, les partenaires occidentaux continuent de fournir un soutien limité pour, entre autres, atténuer la pression migratoire, assurer un approvisionnement alimentaire adéquat et financer des projets d’infrastructures. L’UE accorde des financements ponctuels dans le cadre du Mémorandum d’entente pour un partenariat stratégique et global conclu en juillet 2023. D’autres partenaires bilatéraux (Arabie Saoudite, France, Italie…) font de même. L’Algérie est un important fournisseur de gaz naturel. Côté multilatéral, la Banque mondiale continue de financer des projets, comme en témoignent les 100 millions USD, en février 2025, pour renforcer l’enseignement supérieur et stimuler l’employabilité. D'autres institutions, telles que la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) et la Banque africaine d'import-export (Afreximbank), jouent aussi un rôle crucial dans le soutien à la Tunisie. Cependant, il n’y aura pas d’appui budgétaire de grande envergure sans l’assurance d’un programme du FMI.

Dernière mise à jour : avril 2025

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