Un dynamisme économique lié au secteur minier
Le pays conservera une croissance économique vive, toujours essentiellement tirée par le secteur minier (près de 20% du PIB), reposant majoritairement sur l’exploitation du cuivre et du cobalt. La production de cuivre augmentera grâce à une hausse des capacités d’extraction et une demande mondiale, notamment chinoise, forte. En effet, avec son extension achevée en 2024, la mine de Kamoa-Kakula (exploitée par le canadien Ivanhoe Mines, en association avec le chinois Zijin Mining Group et l’Etat), qui a produit ses premiers concentrés mi-2021 verra ses capacités de production portées à 600 000 tonnes par an et deviendra la seconde plus grande mine de cuivre du monde. La mine de zinc et cuivre de Kipushi redémarrera en 2024, également exploitée par Ivanhoe Mines, associé à l’entreprise publique Gecamines. De plus, le pays bénéficiera d’une forte demande mondiale pour le cuivre, en particulier de la Chine, son premier marché d’exportation, avec environ 40% des exportations minières. La demande chinoise croissante de minerais, particulièrement de cuivre, découle des besoins associés à la confection des véhicules électriques et au déploiement du secteur des énergies renouvelables. Ajoutés aux cours toujours élevés des produits miniers, ces facteurs soutiendront les exportations minières (environ 80% des exportations du pays). Elles seront d’autant plus importantes que les exportations de cobalt et de cuivre produits par la mine Tenke Fugurume, qui avaient été mise à l’arrêt pendant dix mois (conséquence d’un désaccord financier entre l’exploitant, China Molybdenum, et son associée l’entreprise publique Gecamines), ont repris en mars 2023 et seront donc en hausse en 2024. La contribution des exportations à la croissance sera minorée par les importations toujours importantes du fait d’une dépendance structurelle à certains produits importés (produits alimentaires et pétroliers en particulier) et des besoins en biens d’équipement amenés par les projets d’infrastructure et d’extraction. L’économie restera peu diversifiée, la mauvaise gouvernance continuant de limiter l’investissement dans le secteur non-minier. L’inflation, portée à un niveau particulièrement élevé en 2023 (19% en avril) par la dépréciation du franc congolais, causée par la baisse des cours du cuivre et du cobalt (renchérissant les produits importés, notamment les produits pétroliers), devrait s’assagir en 2024, du fait de plusieurs facteurs : la politique monétaire restrictive (taux directeur porté à 11% en juin 2023), poursuivra ses effets, les cours mondiaux des produits alimentaires continueront leur modération, et la dépréciation de la monnaie devrait être atténuée par le retour à des cours du cuivre et du cobalt plus élevés. Bien que l’inflation reste supérieure à l’objectif de 7%, sa baisse allègera le poids des importations et soutiendra le pouvoir d’achat des ménages, favorisant leur consommation (83% du PIB en 2021). Cependant, le pays devra continuer de composer avec un taux de pauvreté élevé (extrême pauvreté estimée à 60,5% de la population en 2023) et l’impact humanitaire du conflit sévissant dans l’Est du pays.
Légère réduction des déficits jumeaux
Le déficit budgétaire est attendu en baisse en 2024, grâce à la hausse des recettes minières (environ 30% des recettes totales) et à l’allègement de certaines dépenses conjoncturelles, au rang desquelles les dépenses relatives aux élections présidentielles qui se seront tenues en décembre 2023. Le programme de réformes attenant à la Facilité élargie de crédit accordée par le FMI, depuis 2021 et jusqu’à mi-2024, se poursuivra. Cependant, la résorption du déficit demeurera contenue par les dépenses toujours importantes en matière de défense et de sécurité, étant donné le conflit sévissant dans l’Est du pays. Elles s’accompagnent de dépenses visant à mitiger l’impact humanitaire du conflit. L’aide financière du FMI permettra le financement d’une partie du déficit et favorisera le recours à d’autres financements concessionnels.
Le déficit courant, accru en 2023 par le renchérissement des importations lié à la dépréciation du franc congolais, se réduira grâce à une hausse de l’excédent commercial, permise par la hausse des recettes d’exportation minières et l’allègement du coût des importations. Les importations de service resteront importantes, étant donné les besoins en service relatifs aux projets d’infrastructures et d’expansion minière. Le déficit sera financé par les prêts concessionnels ainsi que par les IDE à destination du secteur minier.
Un contexte politique et sécuritaire tendu, à l’approche des élections de décembre 2023
Les élections présidentielles, législatives et régionales, qui devraient se tenir en décembre 2023, remettront en jeu le poste de président occupé par Felix Tshisekedi et mettront fin au gouvernement d’«Union sacrée de la nation », en place depuis 2021, mené par le Premier ministre Sama Lukonde, s’appuyant sur une coalition éponyme composée de 24 partis. Parmi les principaux candidats à la présidence attendus, le président sortant, soutenu par un grand nombre de leaders des partis de la majorité, l’opposant Martin Fayulu et Moïse Katumbi, ancien allié de Tshisekedi, pressenti comme l’adversaire le plus en position de battre ce dernier. Les différents scrutins prendront place dans un climat tendu, sur les plans politique, avec les critiques de l’opposition sur l’équité du processus électoral, sécuritaire, entre conflits armés à l’Est du pays (Nord-Kivu, lturi et Sud-Kivu) et présence de la milice Mobondo à l’Ouest du pays (dans les provinces voisines de Kinshasa), mais aussi social, après une année d’inflation élevée et avec une pauvreté toujours très importante. Des incertitudes persistent sur le maintien des élections en décembre et la potentialité d’un « glissement » (à l’image des élections précédentes, reportées de deux ans), étant donné le processus long et complexe sur lequel repose l’organisation des trois élections simultanées, dans un contexte politique et sécuritaire tendu. La Céni (Commission électorale nationale indépendante) a cependant confirmé en juillet 2023 le maintien des scrutins en décembre. Les relations avec les pays voisins resteront centrées autour de la coopération militaire régionale (avec les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est notamment), mais les tensions entre le pays et le Rwanda resteront élevées du fait des allégations réciproques de soutien à divers groupes rebelles. Dans ce contexte, la situation politique du pays en 2024 est jonchée d’incertitudes et d’enjeux humanitaires et sociaux majeurs.
Les relations du Tchad avec ses partenaires occidentaux resteront tendues du fait du maintien du régime militaire et de la répression, contraire à leurs appels à la poursuite d’un dialogue avec l’opposition. Cependant, la tenue du conflit au Soudan rend encore plus crucial le rôle régional du Tchad, disposant de capacités militaires et de renseignement importantes, et, du même coup, peu souhaitable la mise en place de sanctions. A l’inverse, la situation humanitaire pourrait justifier d’accroître l’aide des pays occidentaux.
The current account deficit should narrow by 2024, in the wake of buoyant exports that will help widen the trade surplus. However, it will still be sustained by a deficit in the balance of services (mainly transport, which accounts for 5% of GDP), and the repatriation of profits by foreign companies (mainly in the mining sector). Persistent political and security instability will continue to limit FDI inflows and foreign aid.