Bosnie et Herzégovine

Europe

PIB / Habitant ($)
7 059,9 $
Population (en %année%)
3,5 Millions

Evaluation

Risque Pays
C
Climat des affaires
B
Précédemment :
C
Précédemment :
B

suggestions

Résumé

Points forts

  • Transferts importants de travailleurs expatriés
  • Statut de candidat à l’adhésion à l’UE depuis 2022
  • Currency board assurant l’ancrage avec l’euro
  • Tourisme (12 % des emplois et 10,5 % du PIB en 2019) et potentiel hydroélectrique (37 % de l'électricité produite)
  • Partie à divers accords commerciaux (ex : ALECE, Marché commun régional de 6 pays des Balkans)
  • Compétitivité salariale

Points faibles

  • Fragmentation institutionnelle, réglementaire, économique et communautaire
  • Manque d'investissements publics
  • Faible diversification des exportations
  • Corruption, Etat de droit défectueux
  • Forte émigration, manque de main-d'œuvre qualifiée
  • Grand secteur informel (1/3 de l'économie), faible participation de la population active (48 %), chômage élevé chez les jeunes (1/3)
  • Dépendant du financement externe

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
66%
Serbie
13%
Monténégro
3%
Hongrie
2%
Pologne
2%

Import des biens en % du total

Europe 40 %
40%
Serbie 9 %
9%
Chine 8 %
8%
Turquie 6 %
6%
États-Unis d'Amérique 3 %
3%

Perspectives

Cette rubrique est un véritable outil pour le directeur financier ou le credit manager dans l'entreprise. Elle informe sur les moyens de paiement à utiliser et sur la façon de mener des actions de recouvrement.

Poursuite du ralentissement de l’activité économique

L’économie devrait encore ralentir en 2023, jusqu’à afficher une faible croissance sur l’année, à l’image de la demande domestique, son principal poste (86% du PIB en 2021). La consommation des ménages (67% du PIB) contribuera modestement, du fait de la persistance de l’inflation. En effet, bien que celle-ci devrait repasser sous la barre des deux chiffres, elle restera bien au-dessus de ses niveaux de 2021 et pré-pandémie, et sera supérieure à l’augmentation des salaires nets (malgré une forte augmentation de ceux-ci, à plus de 12% au cours de l’année 2022). De ce fait, les salaires réels baisseront et la perte de pouvoir d’achat des ménages ralentira leur consommation. Les ménages seront également touchés par de moindres remises de la part de travailleurs expatries (principalement en Croatie, Serbie, Allemagne et Autriche). La banque centrale de Bosnie-Herzégovine (CBBH) mène une politique monétaire visant à maintenir l’ancrage de sa monnaie, le mark, à l’euro. L’ancrage est assuré par les réserves en devises déposées par les banques commerciales, auprès d’elle. En 2022, ces réserves étaient supérieures à la masse monétaire en circulation, garantissant ainsi à la fois cet objectif et la stabilité financière. Cet objectif devrait également être validé en 2023. La CBBH ne mène pas de politique monétaire indépendante de celle de la Banque Centrale Européenne (BCE) : elle n’a pas de taux d’intérêt directeur et ne poursuit pas d’objectif d’inflation. La croissance de l’investissement (26% du PIB, 29% avec les investissements directs étrangers (IDE)) devrait ralentir, non seulement via son volet domestique, mais aussi à travers un ralentissement des flux d’IDE en provenance de la Suisse, Turquie et de la Grande-Bretagne, principaux investisseurs en 2021. Enfin, les importations nettes contribueront négativement à la croissance.

Maintien du déficit courant et de l’excédent budgétaire

La balance courante est surtout marquée par le déficit commercial. Structurellement, ce déficit s’explique par des importations de biens d’équipements, de produits intermédiaires et de biens de consommation excédant les exportations du fait de la faible diversification manufacturière. Il est accentué par le ralentissement de la demande extérieure pour les exportations clés (meubles, bois, fer et acier), mais aussi par le renchérissement des importations d’énergie, minerais et armes. La balance des services contribuera, comme à l’habitude, à réduire le déficit courant : le tourisme, l’une de ses deux composantes principales a connu une importante croissance des flux entrants au cours de l’année 2022, sans retrouver les niveaux pré-pandémie, ce qui laisse un potentiel de croissance en 2023. En revanche, la contribution des services de transport, à la croissance record en 2022, sera réduite, car cette hausse était principalement attribuable à celle des coûts de transport liée aux prix des dérivés pétroliers. Le solde des revenus primaires (résultant notamment des rapatriements des revenus des investisseurs étrangers et des revenus des travailleurs frontaliers) contribuera négativement à la balance courante, mais son impact sera faible. A l’inverse, les remises des expatriés auront un impact positif sur la balance courante, mais sans pouvoir empêcher son déficit. De plus, le flux entrant de remises sera directement impacté par la croissance plus faible des pays de l’Union Européenne.

Concernant les finances publiques, le Ministère des finances de l’Etat central devrait continuer la consolidation budgétaire prévue par sa stratégie globale de gestion des finances publiques pour les années 2021 à 2025 qui consiste à réduire ses dépenses. Cette consolidation est également endossée par la Fédération de Bosnie-Herzégovine et Republika Srpska. La modération de l’inflation aura un impact sur les dépenses, mais aussi les recettes. En effet, si les dépenses de soutien à la population pourraient se réduire, les revenus seront également amoindris, car le surplus de recettes perçu en 2022 résultait principalement de taxation indirecte (notamment taxe sur la valeur ajoutée) dont le produit a augmenté avec l’inflation. Néanmoins, un surplus budgétaire serait conservé en 2023. En 2022, la dette publique, dont sa part externe, exprimée en % du PIB avait encore diminué (malgré un niveau nominal en augmentation), car bénéficiant à la fois de la hausse du PIB réel et de son déflateur élevé. Cet effet sera atténué en 2023, ce qui ralentira la baisse de sa part dans le PIB. Le besoin de financement public est principalement financé par des partenaires publics, multilatéraux ou bilatéraux, le gouvernement n'ayant pas accès aux marchés.

Système politique et institutionnel identitaire et fracturé

À la suite des accords de Dayton (1995), la Bosnie-Herzégovine a été divisée en deux entités autonomes : la Fédération de Bosnie-Herzégovine (FBiH) à dominante bosniaque et croate, et la Republika Srpska, à laquelle s'ajoute le district de Br?ko géré par l'État central. L'État central est dirigé par une présidence collégiale qui représente les trois " peuples constitutifs " et qui effectue une rotation tous les huit mois. Lors des élections présidentielles d’octobre 2022, 2 candidats ont été élus au sein de la Fédération de Bosnie-Herzégovine : un candidat bosniaque, Denis Be?irovi?, membre du Parti social-démocrate (SDP BiH), et un candidat croate, Željko Komši?, membre du Front démocratique (DF) et un candidat a été élu au sein de la Republika Srpska, la serbe Željka Cvijanovi?, membre de l’Alliance des sociaux-démocrates indépendants (SNSD). Le gouvernement central a été élu fin janvier 2023, avec l’appui de 23 membres parlementaires de la Chambre des Représentants sur 42 (qui représentent 8 partis). L’approche du nouveau gouvernement est pro-européenne : le leader du Conseil des Ministres, Borjana Kristo, de nationalité croate et membre de l’Union démocratique croate de Bosnie-Herzégovine (HDZ-BiH) avait affirmé lors de sa nomination sa volonté de démarrer de nouveau le processus d’intégration avec l’Union Européenne.

En décembre 2022, le pays a obtenu le statut de candidat à l’adhésion à l’Union Européenne. En janvier, l’UE a réitéré une requête adressée à la Bosnie-Herzégovine rappelant au pays la nécessité de se conformer aux règles de l’UE, notamment en introduisant des visas pour les citoyens russes. Cette requête intervient après le constat d’une augmentation de la présence de russes sur le territoire du pays, suite à la mobilisation décidée par les autorités russes dans le cadre de la guerre avec l’Ukraine.

Fin janvier, l’ambassadeur de France en Bosnie-Herzégovine a fait savoir que le pays devait harmoniser sa politique de visa avec celle de l’UE, notamment en introduisant des visas pour les russes, qui fuient la mobilisation, en se rendant en Bosnie, où ils peuvent déposer une demande d’asile auprès d’un pays de l’UE. Cette annonce n’a pas fait l’unanimité au sein du corps politique et risque de créer des tensions au sein du pays, qui possède des accords bilatéraux avec la Russie.

Dernière mise à jour : juin 2023

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