Baisse de l’inflation, baisse des marges ?

Cette question, centrale pour la macro et la microéconomie à moyen terme, peut sembler triviale et/ou paradoxale, selon l’angle par lequel on considère l’inflation – côté extrants et/ou intrants, respectivement. Les marges sont en effet une fonction croissante des prix des extrants, et la baisse de ceux-ci provoque normalement une baisse des marges, toutes choses égales par ailleurs. A l’inverse, les marges sont une fonction décroissante des prix des intrants, et la baisse de ceux-ci nourrit a priori une hausse des marges, toutes choses toujours égales par ailleurs. Au niveau macroéconomique, le fait que la décélération des prix à la consommation provienne aujourd’hui (presque) uniquement de la baisse du prix des matières premières peut ajouter à la confusion et compliquer en apparence l’équation : comment, si l’inflation continue de baisser, les marges évolueront-elles en 2023 ?
Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que la forte hausse des prix des matières premières observée ces deux dernières années dégrade les marges des entreprises, c’est précisément l’inverse qui s’est produit : depuis fin 2020, le taux de marge des sociétés non financières a progressé de plus d’un point en zone euro, alors que les prix des matières premières augmentaient de plus de 60% sur la période (>100% pour l’énergie). Les entreprises ont donc été bien au-delà de la seule transmission à leurs clients de la hausse des coûts de leurs intrants. Au-delà du comportement parfois opportuniste de certains acteurs, les travaux récents de la BCE montrent que la hausse des profits unitaires a été le principal facteur derrière l’accélération des prix en zone euro en 2022. Dans un contexte de forte demande, les entreprises ont pu privilégier des stratégies de marges sans (trop) craindre d’éventuelles pertes de parts de marché, transformant de facto une partie des excès d’épargne des ménages en profits avant impôts.
Bien sûr, la situation est loin d’être homogène : le constat macroéconomique d’accroissement général des marges ne doit pas occulter que celles-ci se sont plus particulièrement accrues dans certains secteurs et déplacées dans les chaines de valeur – au gré du pouvoir de marché des différents acteurs. En France, par exemple, la situation reste très contrastée : les niveaux de profitabilité particulièrement enviables observés dans les secteurs de l’énergie et des transports (très concentrés sur quelques acteurs) n’ont absolument rien à voir avec ceux prévalant dans les secteurs de la construction, des matériels de transport ou de l’hôtellerie-restauration. De même, certains sous-traitants situés en amont des chaines de production ont-ils été dans l’incapacité de transmettre intégralement à leurs clients, parfois en situation de monopsone, la hausse des coûts de leurs intrants.
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